Nous avons constaté, dans les capsules vidéo précédentes, qu’aucun indice socioéconomique ne pouvait justifier la fusion de 2002. Aujourd’hui nous aborderons l’indice économique le plus important, soit l’endettement de la Ville et les frais de financement qui en découlent. Avons-nous pu conserver, malgré tout, une bonne santé financière? Encore là, rien de mieux que de se comparer à nos villes-cibles que sont Sherbrooke, Lévis et Trois-Rivières.
Toutefois, pour être en mesure de comparer les résultats des quatre villes, il a fallu déduire, dans le cas de Sherbrooke et Saguenay, la dette reliée à leur réseau d’électricité car Lévis et Trois-Rivières n’en possèdent pas. De surcroît, la production et la distribution d’électricité est une activité commerciale.
Commençons par l’endettement
Définition
L’endettement d’une ville inclut :
- l’endettement total net à long terme consolidé constitué des activités d’investissement et de fonctionnement à financer. C’est le seul item que nous présente les villes dans leur rapport financier qui soit considéré comme une dette à long terme;
- le passif au titre des avantages sociaux futurs, ou si vous préférez, les pertes actuarielles non amorties des fonds de pension. Mentionnons que la Ville traîne ses pertes actuarielles depuis 2009 – n’est-pas du long terme? – alors que les autres villes les ont en pratique réglées;
- les emprunts d’organismes paramunicipaux dont la dette était remboursée par une aide aux organismes, ce qui naturellement était illégal et qui est heureusement en train de disparaître mais qui se doivent d’être considérés lorsqu’on compare l’évolution de l’endettement avec les villes-cibles.
Croissance de l’endettement en valeur absolue
Le tableau ci-contre illustre la croissance de l’endettement des 4 villes de 2003 à 2023. Alors que Trois-Rivières voit sa dette augmenter de 134 %, celle de Sherbrooke de 184% et celle de Lévis de 205 %, nous assistons à une augmentation de 263 % à Saguenay bien que cette dernière n’ait pas connu d’augmentation de sa population. Si on fait abstraction du ralentissement au cours de la Covid, la tendance à la hausse se poursuit malgré deux changements d’administration.
Croissance de l’endettement par habitant
À preuve, le tableau suivant, qui illustre l’endettement par habitant et qui est plus révélateur de l’importance de l’écart par rapport aux villes-cibles. La dette de Saguenay passe de 116 $/hab. à 4131 $/hab. soit une croissance deux fois plus élevée.
Le double!
On ne peut demander mieux comme descente aux enfers.
Pas de liquidité pour payer les immobilisations
D’ailleurs, les plans triennaux d’immobilisation de la Ville nous apprennent qu’elle doit emprunter la presque totalité de la part des investissements qu’elle doit assumer (Par exemple, 69 M$ sur 70 M$ annuellement de 2021 à 2023) alors que les autres villes peuvent, à même leur trésorerie, injecter jusqu’à 20 M$. Il faut toutefois faire remarquer que l’endettement total de 2024, par exemple, n’augmentera pas de 133 M$ puisque la Ville remboursera au cours de cette année 2024 quelque 50 M$ pour des obligations venues à échéance.
Indicateurs financiers
Regardons maintenant tout ceci sous un autre angle en comparant les indicateurs de 2003 à ceux de 2023.
Année 2003
Les données de 2003 sont en quelque sorte encore le reflet de la situation qui prévalait avant la concrétisation de la fusion le 28 février 2002. Le territoire occupé par les anciennes municipalités était le plus populeux, son endettement était le plus bas autant en chiffres absolus, soit 168 M$ qu’en dollars par habitant, soit 1 116 $. Sa richesse foncière dépassait celle des trois autres villes et son endettement par 100 $ d’évaluation était le plus bas.
Année 2023
Maintenant, tournons-nous vers les mêmes indicateurs pour l’année 2023. Aucune croissance démographique comme nous l’avons souligné dans une capsule précédente. Son endettement est devenu, en valeur absolue, le plus élevé à 611 M$ en 2023. Et on anticipe une augmentation de 90 M$ en 2024, de 83 M$ en 2025 et de 51 M$ en 2026. Et enfin, l’endettement par 100 $ de RFU, soit 4.01 $ est 60 % plus élevé que la moyenne des trois autres villes.
Les frais de financement
Pour terminer, je vais vous entretenir une petite minute sur les frais de financement que doit supporter la Ville pour un tel endettement. Après correction pour ramener les villes sur une base équivalente on constate que Saguenay doit débourser annuellement, je dis bien annuellement, près de 10 M$ de plus. Imaginez! 10M$ de plus sur 20 ans : 200 M$ en valeur de 2023. On comprend pourquoi les autres villes se retrouvent avec un potentiel d’investissement plus élevé.
Vite un changement!
Ne croyez-vous pas qu’il est temps de juguler cette hémorragie? Quand un système empire depuis 20 ans, qu’on change d’administration municipale et que les résultats sont similaires, j’estime qu’une prise de conscience collective doit se manifester. C’est ce que je propose, soit une commission qui analysera toutes les options, incluant celle dont je vous ai parlé, soit une communauté urbaine. Il faudra vivre plusieurs années avec cette dette qui devra être partagée entre les diverses anciennes municipalités selon des critères déjà éprouvés. Mais on pourra avoir le libre choix des solutions qu’on préconisera pour retrouver la rentabilité. Le statu quo n’est plus acceptable. La fusion a démontré, particulièrement à Saguenay, son inefficacité.
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