Dans ma dernière chronique il m’avait fallu me limiter à commenter les prévisions d’investissements publiées par la firme comptable Raymond Chabot Grant Thornton, « Perspectives d’investissements et opportunités: portrait régional du Saguenay–Lac-Saint-Jean ». J’aimerais aborder un autre aspect que RCGT traite, à la page 8, lorsque les auteurs déclarent que :
« La diminution du taux de chômage est une conséquence directe de la vigueur économique. »
Voici ce que nous souligne la Banque du Canada à ce propos.
« Le taux de chômage[1] est le pourcentage de travailleurs qui n’ont pas d’emploi, mais qui en cherchent activement un. Il ne compte pas toutes les personnes sans emploi; celles qui ne cherchent pas de travail sont exclues. Pensons aux gens qui ne peuvent pas travailler pour des raisons de santé, ou encore qui sont aux études ou à la retraite. Cela dit, un faible taux de chômage n’est pas toujours le signe d’une économie qui va bien. Quand les personnes sans emploi ont du mal à trouver du travail, il leur arrive de se décourager et d’arrêter de chercher. Certaines choisissent d’aller suivre une nouvelle formation, d’autres essaient de se débrouiller sans travailler. Lorsqu’elles sont nombreuses à faire ce genre de choix, le taux de chômage diminue car il y a moins de personnes à la recherche d’un emploi. »
La Banque du Canada poursuit: « C’est pourquoi les économistes regardent aussi le taux d’activité pour évaluer la santé globale du marché du travail. Le taux d’activité représente la proportion des gens qui ont un emploi ou qui en cherchent un, exprimée en pourcentage de la population totale en âge de travailler (au Canada, les personnes de 15 ans ou plus). »
Statistique Québec[2] propose un autre indicateur :
« Le taux d’emploi est un indicateur bien connu. Il correspond à la proportion de la population de 25 à 64 ans en emploi. Il est fréquemment utilisé pour rendre compte de la vigueur du marché du travail, de pair avec le taux d’activité et le taux de chômage. Cet indicateur, retenu pour diverses initiatives de mesure du bien-être, peut être employé pour des comparaisons entre les régions du Québec…»
J’ajouterais que lorsqu’on parle de « vigueur économique » on ne peut ignorer l’évolution de la population qui en est une des conséquences.
Donc, voici comme premier tableau, l’’évolution de la population des six régions métropolitaines de recensement, RMR, au Québec. Toutes les municipalités ne font pas partie d’une RMR mais ces dernières représentent plus de 80% de la population. Tous les tableaux comparatifs qui vont suivre couvrent la période de 2006 à 2023.
On constate que la population de 3 municipalités (Gatineau, Sherbrooke et Québec) a augmenté entre 20% et 25%, que Montréal et Trois-Rivières ont vu leur population augmenter entre 15% et 20% alors que Saguenay accuse une maigre augmentation de 6%.
Jetons un coup d’œil, maintenant à l’évolution du taux d’emploi. Saguenay se classe bonne dernière à 55%. Peut-on vraiment parler de « vigueur économique » ? On recense 75 000 emplois pour la RMR de Saguenay. Ce serait plus de 5 000 emplois supplémentaires si notre taux atteignait la moyenne provinciale (62%). Imaginez que serait l’enthousiasme des commerçants.
On constate, au tableau suivant, que les RMR se classent à peu près au même rang pour le taux d’activité.
D’après vous, quelles municipalités ont le plus haut taux de chômage? L’image ci-contre nous démontre que toutes les RMR, sauf Québec, ont un taux de chômage plus élevé que Saguenay.
Je vous propose une explication : Lorsque le taux d’activité est élevé, le taux d’emploi doit suivre. Pour ce faire la population augmente et même au-delà des besoins du marché compte tenu d’une certaine attraction pour ce marché. En conséquence, le taux de chômage augmente alors que dans les marchés plus faibles les travailleurs peuvent quitter la région ou ne venir que si l’emploi est garanti.
La Banque du Canada est tout à fait correcte de déclarer qu’un faible taux de chômage n’est pas toujours le signe d’une économie qui va bien.
Espérons qu’à l’avenir, la Chambre de commerce et d’industrie Saguenay-Le Fjord qui a organisé cette rencontre prendra le temps de lire attentivement les rapports qu’elle reçoit avant de les présenter à ses membres. Incidemment, quelles sont les raisons qui ont motivé un tel tapage médiatique? Avons-nous assisté à une campagne politique?
Soyons lucides, notre RMR vivote. Le passé nous révèle qu’on ne peut plus seulement compter sur des projets majeurs d’investissements pour accroître notre richesse collective. Un virage important s’impose dans notre approche de développement économique. C’est ce que je vous propose au VOLET 3 de mon programme électoral.
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[1] Qu’est-ce que le taux d’activité nous dit sur l’économie? – Banque du Canada
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