Le 7 juin dernier se tenait l’assemblée générale annuelle du Mouvement Chicoutimi au cours de laquelle les membres devaient se prononcer sur l’avenir du Mouvement qui tente depuis près de 20 ans de revenir sur la question du nom de la ville issue des fusion de 2002 dans le Haut-Saguenay. Suite à une franche discussion entre les nombreux membres présents il a été résolu que le Mouvement continue sa démarche. Pour permettre à l’assemblée de prendre une décision éclairée, ces discussions ont été précédées du rapport du président sortant, Jacques Pelletier, qui a fait une rétrospective des principales actions entreprises par le Mouvement depuis ses débuts. En voici la teneur.
Rapport du président
«Bonsoir à vous toutes et tous,
Un grand merci de vous être déplacés.
Qu’en est-il de notre mouvement qui approche de ses 20 ans?
Nous avions, en somme, deux objectifs :
- D’abord et avant tout, convaincre nos élus municipaux de réfléchir à nouveau sur le nom de cette ville issue des fusions de 2002. Je vais y revenir.
- En deuxième lieu, s’assurer que les noms des arrondissements et des anciennes municipalités qui les composent demeurent vivants et utilisés couramment par la population et les médias. Nous parlons de Grande-Baie, Port-Alfred, Bagotville, Laterrière, Chicoutimi, Chicoutimi-Nord, Rivière-du-Moulin, St-Jean-Eudes, Canton Tremblay, Arvida, Kénogami, Shipshaw et Lac-Kénogami. Comme toute bonne charité bien ordonnée commence par soi-même, beaucoup d’interventions ont été faites en ce sens pour s’assurer que Chicoutimi, en particulier, conserve sa place sur l’échiquier municipal. Notre championne en ce domaine, Pauline Brassard, aura sûrement quelques mots à vous dire à ce sujet. D’autre part, André Gauthier, malgré la fermeture illégale de son site Facebook il y a quelque temps, s’est relevé les manches et en a ouvert un nouveau pour alimenter en photos et propos pertinents nos sympathisants et les inciter à continuer à souscrire à notre cause.
Mais revenons au nom de la ville issue des fusions de 2002. Au cours de ces quelque 20 ans, plusieurs requêtes ont été adressées au gouvernement du Québec et à la municipalité.
- Pensons à celle de 2009 adressée au Conseil municipal qui est restée lettre morte.
- Pensons à celle de 2015 adressée au premier ministre du Québec, Philippe Couillard : son bureau nous a répondu que cette affaire relevait du municipal.
- En 2018 et 2019 des démarches ont été entreprises auprès de la Société historique du Saguenay pour qu’elle soit proactive dans ce dossier du nom. Les administrateurs ont préféré s’en tenir à la conservation des documents.
- Avant d’intervenir auprès du conseil municipal de Saguenay, le Mouvement Chicoutimi estimait qu’il était important de valider auprès de la population: si sa perception à l’égard des noms Chicoutimi et Saguenay avait évolué; si l’âge, le lieu de résidence ou leur connaissance de la valeur patrimoniale des noms Saguenay et Chicoutimi pouvaient expliquer, du moins en partie le choix des électeurs en 2002; si la solution que le Mouvement Chicoutimi veut proposer aux élus de Saguenay leur paraît appropriée.
Fin 2018, début 2019, nous avons donc réalisé un sondage. Nous avons choisi un sondage ouvert sur Internet en utilisant une plateforme indépendante de nos sites Web et Facebook. Après validation nous avons obtenu 1668 réponses. Les résultats sont probants. Pour le constater consulter ce site.
- Des historiens ont été sollicités (R. Bouchard, Camil Girard, Martin Dawson) pour intervenir dans ce dossier : aucun intérêt à se brûler.
- Juin 2019, nouvelle requête remise en mains propres à la mairesse Josée Néron et une copie déposée pour chacun des membres du conseil municipal. Ce que j’ai cru comprendre, c’est que les enveloppes, au lieu d’être transmises par la préposée à chacun des conseillers municipaux, se sont retrouvées dans les mains du cabinet de la mairesse qui leur a transmises lors d’une plénière. Un des conseillers municipaux, en l’occurrence Michel Potvin, s’est fait en quelque sorte le porte-parole pour expliquer aux autres élus cette requête. Ce dernier m’a confirmé que la plupart des conseillers n’ont même pas ramassé leur copie qui était sur la table. Comme les vacances de l’été étaient amorcées, j’ai attendu à l’automne pour revenir à la charge auprès de Josée Néron. Mais le dossier continuait à traîner et je ne voulais quand même pas qu’il se retrouve au conseil municipal sans être capable, au préalable, de m’assurer que les conseillers le prendraient au sérieux. J’ai réussi à obtenir une rencontre avec tous les conseillers de l’arrondissement de Chicoutimi, sauf celui de Chicoutimi-Nord, Marc Petersen. On m’a écouté et on ne m’a pas posé de questions : aucune discussion sur nos 7 arguments qui démontraient que cette consultation avait été bidon. Merci bonjour! Une personne du cabinet de la mairesse m’a dit que le document ne posait pas de problème : ils ne veulent tout simplement pas revenir sur ce sujet. En effet depuis sa publication en 2019, personne n’a pu débâtir nos arguments. Notre démarche est légitime et justifiée.
- Il nous restait le provincial. Il aura fallu plus de 3 mois, soit du 15 novembre 2019 au 17 février 2020, pour obtenir une première et, soit dit en passant, une dernière rencontre avec Mme Laforest (Pauline était présente). Quoiqu’elle ait semblé très sympathique à notre cause et après vérification auprès de son personnel à Québec, elle nous dit que la nouvelle loi de 2017, donnant plus de pouvoir aux municipalités, ne lui permettait pas d’intervenir dans le dossier. Après cette rencontre, j’ai téléchargé cette loi pour m’apercevoir que le sujet du nom ne pouvait en aucun cas faire partie des nouveaux pouvoirs que cette loi accordait aux municipalités. Le 29 mars, j’ai fait part de mes observations à Mme Laforest et en voici un extrait :
« Après lecture de cette loi, je n’ai pas réussi à trouver, ni dans les notes explicatives, ni dans les articles de loi, ce qui empêcherait une telle intervention si elle était jugée nécessaire. Quelqu’un de votre bureau pourrait-il m’aider à trouver cet article? Cette loi semble plutôt se focaliser sur les opérations des municipalités ».
Le lendemain, elle m’a répondu par courriel et je cite :
« Nous avons bien reçu votre demande. Actuellement, nos énergies sont concentrées sur la pandémie. Je tiens à vous préciser que lorsque nous aurons passé la crise, nous nous assurerons de traiter votre demande. »
Un peu plus tard, on me précise qu’une rencontre sera organisée avec un spécialiste du ministère lorsque le personnel ne sera plus confiné.
Le 29 octobre 2020, après une nouvelle relance, son attachée politique me répond :
« Nous accusons réception de votre demande. Comme mentionné dans le courriel précédent, lorsque nous aurons passé la crise, nous traiterons votre demande.»
La Covid a le dos large!
Et on continue à faire pression.
Le 18 juin 2021, soit plus de 16 mois après la première rencontre, un nouveau courriel de l’attachée de presse qui se lit comme suit :
Bonjour Monsieur Pelletier,
« Simplement pour vous informer que votre demande de rencontre est toujours en traitement et qu’un retour sera fait auprès de vous. »
Par la suite silence radio. 27 mois plus tard, nous sommes toujours en attente d’une prochaine rencontre avec la députée de Chicoutimi et les élections s’en viennent à grand pas.
Je suis sans mot. Quelle belle présence et écoute de notre députée de CHICOUTIMI!
En parallèle avec les activités du Mouvement Chicoutimi, je me permets de vous relater les autres actions que j’ai entreprises personnellement et qui avaient toutes comme objectif de créer des circonstances plus propices pour revenir sur le nom de la ville.
2010 – Cofondateur et premier président de l’Équipe du renouveau démocratique. Objectif : se débarrasser de l’administration Tremblay.
2016 – Publication de mon premier livre : « Le toponyme Chicoutimi, une histoire inachevée ». Objectif : démontrer l’importance du nom Chicoutimi dans l’histoire régionale comparativement au nom Saguenay qui évoque un royaume utopique et qui, sauf exception pour la rivière éponyme, n’a qu’une très faible empreinte dans notre mémoire collective.
2016-2018 – Conférence sur l’origine du nom Chicoutimi dont entre autres à la Société historique du Saguenay, à l’association des professeurs de l’UQAC, dans trois maisons de retraités et chez les sœurs du Bon Conseil. Il m’a été impossible d’avoir la permission de les présenter dans les cégeps et à l’université. J’ai fait des représentations à la Chambre de commerce et de l’industrie mais sans succès.
2017 – Publication de mon livre « Saguenay sous l’administration Tremblay » paru juste avant les élections de novembre 2017, qui a ébranlé le parti des citoyens, Jean-Pierre Blackburn démissionnant.
2020 – Acquisition, par le Musée de la Pulperie, de ma carte inédite de Chicoutimi en 1920 qui est maintenant exposée dans le hall d’entrée des bureaux de l’arrondissement Chicoutimi. Un autre moyen de souligner qu’il y a un siècle, Chicoutimi était déjà, et de loin, la capitale régionale, la reine du Nord.
2021- Suite au désistement des élus de l’ERD de vouloir provoquer une vraie discussion parmi les élus à propos de la requête, ces deux membres étant les premiers à la refuser prétextant que le sujet avait été réglé en 2002 et qu’il n’y avait aucune raison d’y revenir j’ai décidé de me présenter dans le district 10 comme indépendant puisque la chef de l’ERD m’avait répondu que si je me présentais pour l’ERD, elle n’aurait pas de candidats à Jonquière. Malgré tout elle n’en a pas eus, sauf un. J’ai malheureusement perdu et mon espoir d’une présence à l’Hôtel de Ville s’est évaporé.
2020-2022- Pendant cette même période et jusqu’à maintenant j’ai publié plus de 80 chroniques municipales sur mon site Web, l’Observateur. Plusieurs de ces chroniques ont rapport au nom de la Ville, à son administration et à son développement.
Au Saguenay nos élus sont très conservateurs et ne font que perpétuer l’erre d’aller d’avant la fusion. On n’observe aucune vision ou aucun désir de changer quoi que ce soit.
Il est malheureux que tout ce travail n’ait abouti à aucun résultat. Je me dois de laisser la place à d’autres pour continuer la lutte. Est-ce que le Mouvement Chicoutimi peut recruter de nouveaux administrateurs et continuer à remplir sa mission? C’est ce soir que nous devons y répondre. Certaines personnes m’ont confié qu’il ne fallait pas lâcher et qu’elles étaient intéressées à poursuivre les démarches mais sur une autre base. Donc, est-il préférable de suspendre ou de cesser nos activités et de laisser un autre mouvement prendre la relève? La question se pose. Y a-t-il une solution pour briser l’indifférence totale de la très grande majorité des élus municipaux à discuter, en premier lieu, du contenu de notre requête pour la formation d’une commission indépendante sur le nom de la Ville et en deuxième lieu, d’acquiescer à notre demande. Et je vise tout particulièrement les élus de Chicoutimi qui devraient être les porteurs de ce dossier. J’ai fait confiance à la raison et à la bonne foi des élus municipaux et de l’élue provinciale sans obtenir le moindre résultat. J’estime que ce dossier doit maintenant être porté par quelqu’un ou par un groupe qui fera plutôt appel à l’émotion.
À l’aube de mes quatre-vingts ans, il est temps que je passe à autre chose. Je voudrais remercier toute l’équipe et aussi tous les membres et sympathisants qui nous supportent depuis tant d’années.
Bonjour M. Pelletier.
J’ai absolument tout lu sur vos envois cette semaine. Tout est toujours documenté, intéressant et instructif. J’apprécie vraiment vos envois, et me fais un devoir de lire vos écrits.
Merci pour tout le travail, vos recherches.
Bon été à vous.
Michèle.
Madame Tremblay,
On vit vraiment une période de rareté de l’information concernant les affaires municipales dans le Haut-Saguenay. Et c’est dommage.