Une entreprise très importante dans le Haut-Saguenay est à la recherche d’un président et chef de la direction[1]. Cette entreprise a un chiffre d’affaires de plus de 450 M$ et emploie plus de 1 300 personnes. Elle a été créée en 2002 alors que les actionnaires de sept entreprises plus ou moins à proximité l’une de l’autre ont décidé de se fusionner afin de créer une synergie qui devait les propulser vers de nouveaux sommets au cours des prochaines années. Étant des filiales d’une très grande entreprise nationale, cette dernière à donner son accord et leur a même attribué une prime de plusieurs dizaines de millions de dollars pour réaliser cette fusion. Les dépenses d’opérations devaient diminuer significativement en éliminant la duplication des ressources humaines et matérielles pour réaliser des tâches similaires et en augmentant ses liquidités pour moderniser ses installations et faire davantage la promotion de ses produits. Tout cela devait attirer de nouveaux clients, donc de nouveaux revenus et une rentabilité accrue.
Or, il n’en fut rien, à tel point qu’il y a eu une fuite de ses actionnaires qui sont passés de 151 150, au moment de la fusion, à 147 535 alors que l’avoir de ceux-ci depuis 2007, est passé de 877 M$ à 767 M$ au 31 décembre 2022. Naturellement ce sont le manque de communication entre les directeurs de chaque unité de production, des choix d’investissement douteux, l’augmentation de la dette sur les investissements sans qu’il n’y est eu une augmentation significative des revenus, le déficit actuariel des fonds de pensions des employés et le déficit des opérations courantes, ainsi que la hausse de la rémunération de ses employés au-dessus de celle de ses concurrents qui expliquent cette situation. Elle manque donc de liquidité pour poursuivre normalement ses activités et l’option d’augmenter le prix de ses produits et services sera nettement insuffisante pour rétablir sa rentabilité. Et le pire de tout, c’est que cette entreprise n’a pas ou ne peut pas avoir une vision commune, chacune des principales anciennes organisations se retranchant dans des sièges sociaux différents situés à 15 km l’un de l’autre et continuant à ne se préoccuper que de son propre marché..
En conséquence, la personne recherchée aura la tâche de redresser cette organisation en proposant un plan d’affaires bien étoffé: évaluation de la situation dans son ensemble, identification des causes profondes de cet état de fait, présentation des options qui sont les plus appropriées, et n’en laisser aucune de côté même celle de la dissolution de l’entreprise. Tout ceci en harmonie avec la vision et les valeurs de l’entreprise qu’elle devra élaborée. Elle devra présenter ses recommandations à la maison-mère qui décidera de l’avenir de cette filiale.
En plus de sa très bonne connaissance des pratiques reconnues pour ce type d’entreprise, le candidat devra avoir démontré, dans ses fonctions antérieures, des qualités de meneur, de gestionnaire et de planificateur hors pair.
Son contrat sera de quatre ans, renouvelable si les actionnaires sont satisfaits. La tâche qu’on lui propose représente toutefois un réel défi. Sa rémunération sera semblable à celle de base des directeurs de la maison-mère localisée à Québec. Ayant réussi son ou ses mandats, la porte des meilleurs bureaux de consultants lui sera par la suite grande ouverte.
Nous vous conseillons d’appliquer dès maintenant. Il serait dommage que, faute de candidats, la maison-mère ne doive placer cette entreprise sous tutelle ou, pire, la soumettre à la loi sur les arrangements avec les créanciers.
[1] Dans ce document, le genre masculin est utilisé comme générique, dans le seul but de ne pas alourdir le texte.
Humoristique mais à la fois réaliste
Bien envoyé Jacques. Et stimulant pour mes neurones cérébrales .régionales.
De mon point de vue, par contre, je ne peux m’empêcher d’élargir ta vision éclairante et constructive à celle de l’ensemble du Saguenay-Lac-St-Jean, en revenant au terreau original régional. Ce terreau de l’époque du Saguenay Lac-St-Jean, alors que le Conseil régional de concertation et de développement brassait la soupe du développement régional. Plus que jamais la voie de l’avenir passe par la réanimation de nos idéaux de défricheur. Tu es certainement un de ceux qui mérite ce qualificatif. Une invitation… Dans un texte paru dans Le Devoir l’an passé, Louis Bernard, ancien haut fonctionnaire sous les gouvernements Lévesque et Parizeau. nous propose une approche de la vision régionale ma foi stimulante généreuse.
.
C’est terrible !
Merci Jacques, bien illustré en tout point.
Le commodore honoraire des bateaux de croisières a créé une incontestable, voire une incontournable vitrine.
Mais sa vérité à l’effet que cela procure à la Baie une retombée économique de cent dollars par touriste, ce n’est pas démontré, c’est du gonflement de poitrine.
À jamais, il aura endetté la ville fusionnée par des congés de taxes aux contribuables et en achetant la paix des édiles avec comme résultat que la dette pèse de plus en plus lourd sur nos échines.
En plus, de main de maître, il a su, durant 20 ans museler l’aéropage des élus municipaux à l’aide de la carotte et du bâton comme sait si bien le faire le chef de la Chine.
La fusion de la ville aurait dû commencer par le choix logique d’un nom approprié, connu dans le monde parce que mythique, mais il a fait la promotion d’un nom prétendument rassembleur, à jeter aux latrines.
Que reste-t-il à faire maintenant? Sinon qu’à passer à la défusion de cette ville au nom creux rongée par le chauvinisme latent depuis ses origines.
Le mieux qui puisse arriver aux Saguenéens est que chaque entité reprenne ses billes et se retire intelligemment de ce champs de mines.
La défusion, je suis d’accord avec vous, et depuis longtemps.
Suis ravi de constater que le petit groupe de défusionnistes dont je fais partie n’est pas seul.
Mais ce sujet est tabou, cadenassé ben dur.
À preuve: vous avez une belle plume, alors envoyez au Quotidien une lettre publique qui sera parfaite je n’en doute pas, préconisant la défusion.
Ils ne la publieront pas.
On parle actuellement d’augmenter les investissements de cette ville mais avec quel argent?