En janvier 2019 le Mouvement Chicoutimi publiait un sondage réalisé en décembre 2018 et dans lequel on demandait l’opinion de la population à propos des noms Chicoutimi et Saguenay. Après plus de 16 ans , est-ce que le nom de Saguenay a rempli ses promesses, du moins celles de ces ténors, soit d’être un nom rassembleur, un nom tourné vers l’avenir, un nom auquel on s’identifiera. Le sondage avait comme objectif de répondre en partie à ces interrogations.
En voici les conclusions.
L’opinion des répondants de la Ville de Saguenay : le statu quo par rapport à 2002
À l’analyse de ce sondage, on constate qu’il n’y a pas de changement entre l’opinion des personnes de Jonquière, de Chicoutimi et de La Baie et celle des électeurs des mêmes secteurs lors de la consultation populaire de 2002. Cependant, grâce à ce sondage nous avons, pour la première fois, l’opinion des gens résidant à l’extérieur de la ville soit, ceux ailleurs dans la région du SLSJ, ailleurs au Québec et hors Québec. Nous l’avons expliqué à la section B, les gens de l’extérieur ont droit de parole puisqu’ils utilisent régulièrement le nom de la ville pour se situer géographiquement. C’est d’ailleurs une des raisons pour laquelle il revient normalement au gouvernement ou à ses représentants, assistés de personnes ou d’organismes compétents, à faire le choix. C’est ce qui s’est passé dans les autres villes.
L’absence totale de diffusion d’information non partisane, en 2002, invalide les résultats de la consultation
Les raisons d’opter pour un nom plutôt qu’un autre sont multiples. Les cas mentionnés ci-après sont significatifs mais ne sont que quelques exemples parmi bien d’autres.
Le sondage démontre hors de tout doute qu’il y a une corrélation quasi parfaite entre le degré de connaissance de faits historiques ciblés d’une part, et d’autre part, l’âge et le lieu de résidence des répondants. Malgré que l’histoire régionale ne soit pas enseignée, les plus vieux ont eu l’occasion d’en apprendre davantage au fil des ans et leurs réponses sont plus exactes. Comme cela a été démontré, le processus de consultation utilisé en 2002 pour le choix du nom de la ville ne comportait aucun mécanisme d’information à la population sur la signification, l’origine et la valeur des noms Saguenay et Chicoutimi. Il est souvent difficile pour des personnes ou des autorités compétentes de prendre la meilleure décision, alors que penser du choix d’électeurs qui sont non informés ou, au départ, ignorants du sujet.
Une mascarade de processus de consultation
Il s’agit de se comparer avec le processus utilisé dans la région de l’Outaouais pour réaliser à quel point le processus choisi par le comité de transition et le comité du nom, pratiquement chapeautés par les anciens maires, était un simulacre de consultation. En effet, on a le culot par la suite d’affirmer qu’il y a eu un processus très démocratique parce que la population a voté. Bien que le processus utilisé en Outaouais n’ait pas été idéal, il n’en demeure pas moins que la façon dont cela s’est déroulé est nettement plus appropriée que celle utilisée au Saguenay.
Le sentiment identitaire : il est là pour rester
Nous ne prétendons pas que le manque de connaissance ou d’information sur l’histoire socioéconomique de la région du Haut-Saguenay est le seul facteur. Mais d’autres facteurs, tel le fort sentiment identitaire, ne pouvaient être constatés par un sondage, si ce n’est indirectement par l’écart des opinions entre les arrondissements. Les commentaires sur le terrain peuvent aussi nous éclairer. Combien de fois a-t-on entendu des citoyens de Jonquière ou La Baie affirmer que le choix logique c’est Chicoutimi mais que jamais ils n’opteront pour le nom Chicoutimi : «Tout sauf Chicoutimi». Nous vous laissons relire les articles de presse qui ont précédé la consultation populaire pour juger des qualificatifs utilisés à l’égard de la population de Chicoutimi pour justifier leur opposition. Une autre observation lue ou entendue est que s’ils perdent « leur nom » les gens de Chicoutimi doivent le perdre aussi. Ce n’est pas l’attitude des habitants des autres grandes villes qui ont tous accepté que le nom de leur ville issue des fusions de 2002 porte le nom d’une des villes fusionnées.
Plusieurs ont opté pour le nom Saguenay pour éviter la chicane ou ont qualifié ceux qui optaient pour Chicoutimi de chicaniers. Il est déplorable de constater qu’aussitôt que quelqu’un veut débattre d’un sujet, on rétorque qu’il cherche la chicane. Et pourtant, c’est en débattant d’un sujet avant de prendre une décision qu’on a plus de chance de faire le bon choix. Malheureusement, en 2002, on a préféré laisser deux clans se chicaner au lieu de prendre le temps d’informer objectivement la population des enjeux et de l’impact que cela peut avoir sur l’avenir de cette ville.
Le nom de la ville : sa marque de commerce
Quel que soit le nom de la ville il y aura, pour encore des décennies, cette grande compétition entre les arrondissements que nous espérons plus positive dans l’avenir. Ne cherchons pas à tout prix un nom rassembleur. Ce qui est important c’est de s’assurer que ce nom soit celui qui nous identifie le mieux auprès de la planète et qui est en même temps celui qui évoque le plus notre passé et qui est le principale siège de notre mémoire collective. Certains répliquent qu’il y a bien d’autres dossiers plus importants que de revenir sur le nom de la ville alors que ce dossier fait entièrement partie de la problématique. On ne sait plus d’où on vient et on ne sait pas où on s’en va. On s’accroche à des légendes urbaines qu’on a transformées en source de développement économique futur et on a dépensé des millions de dollars sans y parvenir.
Une commission pour le choix du nom : un processus incontournable
Considérant que le choix du nom d’une municipalité doit nécessairement observer des critères de sélection dans les domaines, entre autres, historique, géographique, culturel, socioéconomique ou anthropologique,
Considérant que la plupart des électeurs, si on se base sur le sondage, ont une grande méconnaissance de la valeur toponymique des noms Saguenay et Chicoutimi,
Il est indéniable qu’une commission crédible qui se doit d’écouter et diffuser les témoignages d’organismes ou d’individus compétents en cette matière, aurait très certainement été plus appropriée pour choisir le nom qu’une consultation populaire. D’ailleurs le Haut-Saguenay a été le seul endroit, au Québec, qui a opté pour une consultation populaire. Il est plus que probable qu’une consultation populaire, telle celle de 2002, aurait été inutile suite au dépôt des recommandations d’une commission transparente, formée de personnes compétentes en la matière, non partisanes et qui s’appuient sur des critères d’évaluation et de pondération reconnus pour faire leur choix. Quelle que soit la recommandation de la commission, très probablement que beaucoup de citoyens auraient encore été mécontents, mais au moins ils auraient compris, grâce à l’information transmise par la commission, le pourquoi de ses recommandations au conseil municipal.
Le conseil municipal : là où les décisions doivent maintenant se prendre
L’article 1 de la charte de la ville de Saguenay est très clair : il revient au conseil municipal de demander, s’il y a lieu, un changement de nom et c’est au ministère des Affaires municipales à l’entériner. Le conseil municipal devra toutefois respecter les recommandations de la commission et, si sa décision est contraire aux recommandations de la commission, le conseil municipal devra expliquer sa position.