Le Réveil publiait le 26 décembre dernier un article de Jean-François Desbiens titré : « Escales de bateaux de croisières à La Baie. 2023 sera vraiment une saison sans précédent » dixit Priscilla Nemy, directrice générale de Promotion Saguenay.
On y apprend qu’au moins 80 navires accosteront au quai de Bagotville, ce qui est effectivement une bonne nouvelle. Là où cela se complique c’est lorsque la porte-parole de Promotion Saguenay déclare, à propos des retombées économiques générées par la présence des navires de croisière, que « ce sera assurément davantage qu’en 2019 (58 escales). La dernière étude disponible les avait évaluées à 25 M$ pour une saison de 58 escales ». Extraordinaire pourrait-on conclure, mais ne concluez pas trop vite.
Mais quelle est donc cette « dernière étude »? Une recherche nous amène à un rapport daté du 17 septembre 2021, préparé par Raymond Chabot Grant Thornton, RCGT, à l’attention de Port Saguenay, Rio Tinto et Promotion Saguenay et intitulé : « Étude sur les retombées économiques de l’industrie maritime au Saguenay-Lac-Saint-Jean ». Pour votre information, ce rapport couvre non seulement le quai de croisières mais également le quai de Rio Tinto et celui de Grande-Anse.
L’année étudiée, 2019, correspond bien à celle mentionnée par Mme Nemey. Les données concernant le nombre d’escales, de passagers et de membres d’équipage est plausible, soit 58 escales, 59 347 passagers et 28 759 membres d’équipage, soit au total 88 106 personnes ou 1 519 personnes par escale.
Or, à la page 38, RCGT chiffre, pour l’année 2019, les dépenses des visiteurs à 7,9 M$ et ce, basées sur les dépenses par visiteur en 2015 et sur une indexation de 2% par année. Cette information provient d’un rapport de la firme Doxa Focus, daté de mars 2015, présenté à Tourisme Québec et titré « Étude auprès des croisiéristes et des membres d’équipage des navires de croisières dans les ports du Saint-Laurent ». En revanche, rien dans ces deux rapports ne fait allusion au 25 M$ de retombées économiques mentionnées par Madame Nemey.
En utilisant les données de Doxa et après ajustement pour l’inflation annuelle de 2 %, j’arrive, moi aussi, à la valeur de 7, 9 M$. Mais tenez-vous bien! Pour ce faire il me faut considérer que 100% des passagers et membres d’équipage ont été des visiteurs.
Les passagers ne sont pas nécessairement des visiteurs
C’est là qu’il faut distinguer les termes « passager » et « visiteur ». À la page 6 de son rapport, Doxa précise que « L’ensemble des visiteurs invités à répondre à un questionnaire a été sélectionné de façon aléatoire parmi tous les visiteurs qui voyageaient à bord d’un navire et qui ont foulé le sol d’un port ciblé ». Le nombre de passagers et de membres d’équipage est celui déclaré officiellement par le navire lorsqu’il est pleinement occupé (voir image ci-dessus) et l’est-il vraiment, alors que le nombre de visiteurs correspond à ceux qui « foulent le sol du quai de croisières », en d’autres termes, ceux qui visitent la ville par leur propre moyen, en autobus, en taxi ou en survolant la ville.
En ce cas, quel est le pourcentage de visiteurs parmi les passagers et membres d’équipage? Aucune étude ne le précise et pourtant c’est une donnée essentielle. J’estime qu’à partir de témoignages de personnes qui ont déjà fait des croisières et à partir des données fournies par RCGT, page 40, (moyenne de 2,9 autobus, 4,9 locations d’autos, 7,8 tours de taxi et 3,8 survols de la région par escale et un nombre indéterminé de visiteurs à pied), il est peu probable que ce pourcentage dépasse 30%. Certains parlent même de 25%. Mais soyons généreux et supposons 35 %. Les dépenses des visiteurs pour 2019 tombent donc de 7,9 M$ à 2,8 M$.
Dépenses des visiteurs versus retombées économiques
Or, les dépenses des visiteurs ne correspondent pas aux retombées économiques. On est encore loin du compte si on se base sur la définition du terme « Retombées économiques ». Voici comment l’institut de la statistique du Québec, Insee, s’exprime :
« Le concept de retombées économiques est étroitement lié à celui de la contribution au produit intérieur brut (PIB). Le PIB est la valeur sans double compte des biens et services produits dans un territoire au cours d’une période donnée ». Lorsque les consultants utilisent le modèle de l’Insee les retombées qu’ils considèrent sont les biens et services produits dans tout le Québec ce qui n’est pas le cas lorsqu’on parle du territoire d’une ville seulement.
Des retombées économiques pour qui?
Plus simplement, quel est l’argent neuf généré par les activités de croisières et qui s’en vont dans les goussets de la Ville? La ville de Saguenay est l’investisseur majoritaire et le renfloueur unique du manque à gagner annuel pour les opérations reliées à l’accueil des navires et croisiéristes. Quelles sont les retombées dont elle bénéficie soit les revenus moins les dépenses incluant l’amortissement des installations et les nouvelles taxes foncières dues à la création d’emplois? Je consacre 18 pages à ce sujet dans mon livre « Saguenay sous l’administration Tremblay ». Je persiste et j’affirme que « les retombées d’une rôtisserie (telle un restaurant St-Hubert) sont plus importantes que celles du quai d’escale ». Connaissez-vous une rôtisserie qui reçoit plus de 2 M$ de subventions par année? Naturellement c’est NON, c’est 0,00 $! Au contraire, c’est St-Hubert qui remet des centaines de milliers de dollars dans la collectivité grâce à sa Fondation.
Ce n’est pas une augmentation du nombre d’escales qui va changer quoi que ce soit. À preuve, « le président de la Commission des finances, Michel Potvin devra débourser 573 000$ de plus » pour 22 navires supplémentaires. Pourtant ces navires devraient rapporter des droits d’amarrage, des droits de passagers, des droits de services d’eau, des droits de sécurité et des services d’amarres qui devraient couvrir les frais. Où se retrouve cet argent?
Je ne suis pas contre les activités au quai de croisières mais contre son financement. Au niveau des gouvernements, les retombées économiques pour la ville de Saguenay sont insignifiantes, de l’ordre de 5% pour une participation de plus de 50% des investissements et 100 % des charges d’opération alors que le provincial et le fédéral récoltent 95% des retombées en taxes et impôts. Je réitère que la Ville doit réclamer aux deux autres paliers de gouvernement au moins 20 M$ pour les investissements et au moins 80 % du déficit annuel d’opération depuis 2008. Je demande à Promotion Saguenay d’arrêter de gonfler indûment les retombées économiques que ces croisières génèrent.
À quand une étude sérieuse sur la rentabilité des activités du Quai d’escales? Qui doit compenser si elles sont déficitaires?
M. Pelletier.
J’ai tout lu cet article, que je trouve très éclairant, qui nous informe vraiment. J’ai toujours dit que les bateaux de croisière ne rapportent pas grand chose, que toutes les installations que Ti-Jean a fait faire étaient exagérées. Il a perdu la carte avec le pavé un peu partout, les vendeurs du temple, les cabanes en face de l’église St.-Alphonse……enfin, il a vraiment charrié. Trop c’est comme pas assez……
Très bonne analyse.
Merci pour tout le travail que tu fais.
Je suis d’accord avec avec toi car les chiffres que Promotion Saguenay nous fournit proviennent d’un baril pas de fond c’est-à-dire dans l’imaginaire.
Qui paie pour les autobus, les travailleurs supposés être bénévoles la bâtisse et les employé(e)s à plein temps,
autant de questions sans réponses.
Pourtant, ce n’est pas compliqué avec un système comptable de connaître tous les revenus et dépenses. Ah c’est vrai, j’oubliais qu’en 2013 le représentant de promotion Saguenay avait avoué sous serment au juge de la Cours administrative que Promotion Saguenay n’avait pas de système de suivi de projet.
Quintet du rêveur sur la plage.
Le quai de croissière à la Baie fut, est et restera un économique mirage.
Ses mirobolantes retombées économiques, du Père Noël pour enfants sages.
Combien de passagers quittent le navire pour visiter le portuaire village.
Carte maîtresse d’un exmaire pour remplacer, de la Consol, le naufrage.
Vivement, un vrai rapport indépendant avant d »y accorder ou pas son vernissage.
Le maudit poète.
Quintet du rêveur sur la plage.
Le quai de croisières à la Baie fut, est et restera un économique mirage.
Ses mirobolantes retombées économiques, du Père Noël pour enfants sages.
Combien de passagers quittent le navire pour visiter le portuaire village?
Carte maîtresse d’un ex-maire pour remplacer, de la Consol, le naufrage.
Vivement, un vrai rapport indépendant avant d’y accorder ou pas son vernissage.
Le maudit poète.
Toujours surpris de ta capacité à jouer le poète et de la justesse de tes propos.
Reste qu’une des plus belle façons de faire connaître la région et le plus beau Fjord navigable, en Amérique… Quoi de mieux que les bateaux de croisière….et ils y viendront pendant plusieurs décennies, à mon humble avis….
Vous avez raison. Toutefois c’est très cher payé pour avoir cette visibilité. Le quai des croisières fait partie d’un réseau touristique dont Montréal et Québec avaient besoin pour attirer les bateaux de croisières. Ça prend un minimum d’escales pour justifier un tel circuit touristique, soit une escale par jour. Alors pour couvrir 6 à 7 jours? Donc c’était aux deux paliers de gouvernement qui ramasse la manne à payer et à couvrir les frais d’opération.
Je voudrais ajouter que si on se fie à l’évolution du PIB pour les activités touristiques (particulièrement l’hébergement et la restauration) on ne peut pas affirmer que le SLSJ se démarque davantage des autres régions telles Sherbrooke et Trois-Rivières, depuis 2008 qui ont connu une croissance plus rapide. Voir cette chronique: https://jacquespelletier.ca/wp-admin/post.php?post=1848&action=edit
Merci pour ton analyse. Je suppose que ton expertise ne recevra pas de réponse de promotion Saguenay….peut être des échevins et de la mairie…
Je ne m’attends à aucune réponse que ce soit écrite ou téléphonique. Le silence est le meilleur moyen pour tuer une nouvelle.
Vous confirmez ce que nous pensons depuis la création des installations par Ti-Jean, ceci dit ses installations servent à consolider des emplois aux petits amis du conseil de ville et à Promotion Saguenay. En conclusion nous sommes pour le démantèlement des installations du quai sauf le bâtiment qui pourrait servir à l’installation de restauration et de pubs. Ces installations contribuent à l’augmentation de taxes qui est refilées aux contribuables
Il y a du positif…oui mais également du négatif, une belle visibilité mais c’est cher payé
Oui c’est cher payé pour n’être qu’une petite escale ajoutée à celles de Montréal et Québec où les croisiéristes visitent pendant 2 ou 3 jours avant ou après l’embarquement. Malgré cela le président du port de Québec se plaint qu’il est déficitaire. Charité bien ordonné commence par soi-même. Arrêtons de péter plus haut que son cul, arrêtons de payer pour voir des navires, exigeons des gouvernements supérieurs une juste compensation pour les sommes exagérées que la Ville a investies ou dépensées dans cette aventure. Au bas mot c’est au moins 30 M$ et des compensations pour le futur que nous devrions exiger. Après cela accueillons avec enthousiasme ces géants des mers.
Bel article qui nous met au parfum de toute la magouille entourant le quai d’escale de Ghislain Harvey et Jean Tremblay. Ce que Mme Nemy nous présente est tout a fait inacceptable et incomplet.
Encore de la poudre aux yeux pour nous faire avaler les décisions de l’administration Tremblay et Harvey .