Les urgences avant la planification à long terme, les projets avant de savoir ce qu’on veut vraiment faire de cette ville qui actuellement n’en est pas une. Un cercle vicieux.
Je n’élaborerai pas les mêmes problèmes dont je vous entretien depuis des années. Les démonstrations de l’état lamentable de cette « grande » ville du Haut-Saguenay pullulent dans ma centaine de chroniques publiées sur la Toile.
Pourtant tout semble figé ad vitam aeternam. L’opposition à l’Hôtel de ville ne bouge pas, pire elle encourage le statu quo. Bien qu’on ressente un regain d’intérêt depuis le dépôt du plan triennal d’investissement (comme d’habitude ce sera un feu de paille), les journaux régionaux, du moins ce qu’il en reste, et les autres médias, se limitent, pour la très grande majorité, aux conflits personnels entre les élus municipaux. Les acteurs économiques comme la chambre de commerce ou autres associations de commerçants, demeurent silencieux ou s’émerveillent dès qu’un petit sursaut d’espoir pointe à l’horizon telle la construction d’une mini aluminerie à Arvida. Et je passe sous silence les retombées économiques « mirobolantes » des croisières qui ne coûtent pas un mais deux bras à la ville et qui n’apportent pas plus dans ses coffres qu’un restaurant. Même les sommités de notre université régionale sont très timides à intervenir devant le recul démographique et économique de la principale ville de la région par rapport à ce qui se passe dans des villes comparables au Québec telles Sherbrooke, Lévis et Trois-Rivières et je pourrais ajouter celles qui poussent derrière telles Saint-Jean-sur-Richelieu, Drummondville ou Blainville.
L’opinion publique s’alimente et se déchaîne à propos de ragots et de projets mal conçus. Une poignée de citoyens seulement, et ce sont toujours les mêmes, assistent aux réunions du conseil municipal qui n’ont rien pour éveiller quiconque. Tout se passe en catimini dans les plénières précédant ces réunions, dont les échanges sont protégés par la confidentialité.
Certains prétendront que tout ceci est dû à un manque de financement, que la ville n’a pas les leviers financiers pour remplir ses obligations comme nous le présente Radio-Canada dans un article signé Gérald Fillion, « Analyse : Les municipalités dans un « cul-de-sac » fiscal ». Certes, ceci s’avère, mais ce que la population ne réalise pas c’est qu’ici, dans cette ville, c’est encore pire qu’ailleurs. Même si Québec et le Fédéral étaient plus généreux l’immense écart entre la Ville de Saguenay et les autres perdurerait.
Pourquoi, me direz-vous? Pour toutes les raisons énumérées dans mes chroniques précédentes dont, à mon avis, la plus importante est le type de regroupement municipal que Québec a retenu en 2002. Vous n’êtes pas d’accord? Soit! Vous êtes de ceux qui estimez qu’il y a tout de même un gros problème? Alors, pourquoi ne réagissez-vous pas plus que vous ne le faites? Vous avez ou voulez avoir des contrats, des faveurs, des bouts de trottoirs avec la ville? Votre organisation reçoit une commandite ou une subvention municipale? Vous ne voulez donc pas vous la mettre à dos? Vous considérez que ce dossier ne mérite pas de perdre des amis? Vous êtes donc de ceux (ou celles) qui se laissent intimider?
Mais si vous croyez qu’il y a un problème réel, il faut en débattre. Le problème est relativement complexe particulièrement en ce qui concerne la ou les solutions à prioriser. Il faut reculer aussi loin qu’à la création de cette ville. Il faut que les élus qui sont responsables de la gouvernance et non pas seulement de l’administration de cette ville agissent. S’ils abdiquent cette responsabilité de gouvernance il ne leur reste plus qu’à la céder au gouvernement provincial.
Tournons-nous vers Québec. À titre de porte-parole d’un collectif qui demande une commission parlementaire portant sur la fusion de 2002 dans le Haut-Saguenay, j’ai déposé une requête en ce sens auprès de la ministre des Affaires municipales, Madame Andrée Laforest, le 3 avril 2023. Le 22 juin suivant, nous la rencontrions en lui transmettant d’autres documents pour lui permettre de constater la situation financière de la ville, ce qui l’a grandement impressionnée. Compte tenu des vacances estivales nous avions convenu d’une réponse de sa part à l’automne. À ce jour silence radio malgré une relance la semaine passée…
En somme nos élus municipaux aussi bien que provinciaux ont trouvé la solution idéale pour rester en poste. Ils se basent sur l’expertise ultime, « l’Opinion Publique ». L’opinion publique a raison sur tous les sujets peu importe lequel pourrait-on croire. Que l’opinion publique soulève un problème, c’est très bien. Mais quand l’opinion publique se mêle de la solution c’est le bordel. Pourtant on a souvent des gouvernements qui ne font que gouverner selon les sondages. C’est ce qu’ils appellent rechercher le consensus. L’opinion publique est en fait une grosse girouette. Elle est le talon d’Achille de la démocratie. Par chance, on retourne aux urnes à tous les quatre ans. Mais quand il s’agit de prendre des décisions dont les conséquences perdureront des dizaines (un métro) et mêmes des centaines d’années (le nom d’une ville), on doit recourir à d’autres interlocuteurs.
Quoi donc penser de tout cela? À moins que je me sois totalement trompé sur toute la ligne? Sûrement! Il n’y a donc pas vraiment de problème. Il ne me reste plus qu’à fermer les livres d’ici la fin de l’année et à profiter en paix du reste de ma neuvième décennie après quatorze ans à informer et à sensibiliser la population (en tous cas, ceux qui le voulaient bien) sur les affaires municipales. Je remercie ceux et celles qui ont bien voulu me lire et m’appuyer en de nombreuses circonstances. Je laisse maintenant la place à d’autres.
Je souhaite bonne chance, ils en auront vraiment besoin, à ceux et celles qui envisagent de se présenter aux prochaines élections municipales. En passant, suivez ce lien, il vous renseignera sur les exigences de la fonction.
M. Pelletier
Je vous admire pour votre clairvoyance et dire les faits grâce à votre grande culture.
Nous perdons un homme de valeur un penseur, toutes vos chroniques fort intéressantes ne semblent pas malheureusement faire bouger l’intellect de nos dirigeants et des citoyens.
Madame Laforest est une de celle qui me déçois le plus elle est comme notre mairesse qui parle jase jase. Parle. La peur dont vous parlez elle l’illustre bien
Vous et vos chroniques vont manquer à tous
Merci pour tout votre dévouement
Excellente analyse d’une situation qui semble s’enliser de façon irréversible depuis près d’un quant de siècle.
Le parallèle avec l’entreprise qui se cherche un leader est très évocatrice.
On s’ennuiera de tes chroniques pendant que notre communauté dormira dans les ténèbres.
Les écrits restent….
Réal Ouellet
Je tiens personnellement à remercier M. Pelletier d’avoir averti nos citoyens de Ville de Saguenay, vous ne vous êtes pas trompé, malheureusement les citoyens ne se rendent tous simplement pas compte dans quelle situation ville de Saguenay se trouve?