Il me fit plaisir de vous présenter cette analyse parue récemment dans le Quotidien avec la permission de l’auteur, M. Gilles Bergeron, économiste.

« Saguenay dépensera 73,8 millions $ de plus l’an prochain pour le maintien de ses infrastructures (82%) et réaliser des projets de développement (18%).  Le Conseil a adopté sur division un nouveau plan triennal d’immobilisation 2024-2026 (PTI) de 142,1, 141,7 et 131,5 millions $ pour les 3 prochaines années.

Cette année, en faisant référence au respect de la politique de la dette de la Ville, avec la recommandation du même responsable financier et de la même mairesse, le même conseil a voté un  plan triennal  2023- 2025 de 68,3 ,77,9, et 71 millions$.

Avec des dépenses d’immobilisation de 68,3 millions$, une augmentation du compte de taxes de 5,6% pour la maison de valeur moyenne (en utilisant les mêmes méthodes de calcul que les autres villes) a été nécessaire pour équilibrer le budget.

De quelles informations nouvelles disposent la mairesse et les conseillers qui ont voté en faveur du nouveau plan triennal avec un changement aussi radical et aussi brusque? Quels sont les scénarios pour le financement d’une augmentation de 73,8 millions$ par année? Quelles sont dans le cadre de ces scénarios les conséquences prévisibles sur l’augmentation de la dette et la cote financière de la Ville? Quelles sont les augmentations prévisibles des dépenses compte tenu de l’augmentation des frais de financement et de l’augmentation des dépenses de dépréciation ? Quelles seront les augmentations du compte de taxes des citoyens, des entreprises et des commerces, pour respecter les contraintes de l’équilibre du budget?

Il est vrai que les impacts sur le compte de taxes se feront sentir avec un décalage dans le temps et principalement après l’élection d’un nouveau Conseil, mais ce sont les mêmes citoyens qui vont payer.

Dans le budget disponible sur le site internet de la ville, nous avons des informations détaillées sur l’utilisation des fonds, mais aucune information sur le financement les conséquences de ces augmentations.

Le financement de certains projets de développement pourra être soumis dans le cadre du Programme d’aide financière aux infrastructures récréatives, sportives et de plein air (PAFIRSPA) du Gouvernement du Québec., mais ces projets viendront alors en compétition avec le projet de piscine de l’UQAC que Ville de Saguenay se propose d’appuyer.

Quand la Mairesse Julie Dufour parle de planification, de prévisions et de changement de culture de quoi parle-t-elle?

Sur quels fondements repose le nouveau plan triennal ? Ce plan est-il crédible? Saguenay est-il un nouveau gagnant de Loto Québec?

Les citoyens doivent-ils comprendre que ce nouveau plan triennal est un saut dans le vide, en espérant un parachute du Gouvernement du Québec pour éviter le choc trop brutal de sa mise en œuvre; un ballon politique pour rendre le Gouvernement du Québec responsable de ses conséquences ?

La situation financière

Michel Potvin a hérité d’une situation financière dégradée en 2017 et il a contribué à améliorer cette situation. La nostalgie du retour au régime de Jean Tremblay ne serait en aucune façon une solution aux problèmes actuels et futurs de Saguenay.

Une analyse approfondie par des experts indépendants serait nécessaire pour mieux comprendre l’évolution de la situation financière de Saguenay au cours des 6 dernières années et pour développer une stratégie appropriée pour répondre aux défis qui se posent.   Des informations préliminaires nous indiquent que Michel Potvin a fait des efforts pour réduire le rythme d’augmentation des dépenses, mais n’a pas été en mesure de générer des excédents d’opération suffisants pour financer des budgets d’investissements répondant aux besoins de développement durable de la ville, contrôler l’augmentation de la dette et imposer des taux de taxation acceptables.

Au cours des 5 dernières années, Saguenay a dégagé des excédents d’opération  de 62 millions$ (revenu –dépense d’opération, données du  rapport du vérificateur général).  Malgré des dépenses d’immobilisation nettement insuffisantes, sa dette nette a augmenté de 76,1 millions$ (16%), Elle était de 543,6 millions$ en 2022 en comparaison de 467,5 millions$ en 2017. La richesse foncière unifiée (RFU) qui est la principale source de revenus des villes a augmenté seulement de 12%.

 À titre de comparaison, durant la même période, la Ville de Trois-Rivières a dégagé des excédents de 131,6 millions $, sans avoir l’avantage du surplus annuel de 9 millions$ du réseau hydro-électrique de Saguenay.  Sa dette nette a augmenté de 17,1 millions$ (5,6%) et elle était de 317,5 millions$ en 2022.  Sa RFU a augmentée de 20%.

La dette nette de Saguenay par rapport à sa richesse foncière unifiée est une des plus élevée des grandes villes du Québec et les taux de taxation des résidences, des commerces et des industries sont également parmi les plus élevés.

La contribution politique du Gouvernement du Québec

Au cours des 6 dernières années, Michel Potvin a eu le temps nécessaire pour faire la démonstration des difficultés financières de Saguenay, préparer des études économiques crédibles  et entreprendre des démarches structurées  pour négocier et obtenir un financement supplémentaire de la part du Gouvernement du Québec. Les contraintes spécifiques de Saguenay comme la dimension de la ville et la lenteur de la croissance de la richesse foncière, dont le Gouvernement du Québec est en partie responsable, demandent une contribution financière spécifique pour Saguenay de la part du Gouvernement.  Des rencontres de travail avec les experts du ministère des Affaires municipales et du ministère des Finances auraient permis de trouver des propositions de financement acceptables et pertinentes à soumettre et faire accepter par le niveau politique. Nous n’avons aucune trace de ces travaux.

Michel Potvin a choisi de se donner le rôle de responsable des finances d’une ville en bonne santé financière, selon ses intérêts politiques du moment.  Il a utilisé des méthodes créatives pour cacher une partie des augmentations du compte de taxes. En aucun temps dans la présentation de ses budgets précédents, il a soulevé la question dont il parle maintenant du déficit de 1milliard$ dans le financement des infrastructures. Il a été le premier et possiblement le seul responsable des finances d’une ville à proposer une augmentation du salaire des conseillers lorsque cette option a été possible. Il a été le seul au Québec à proposer un gel du fardeau fiscal pour gagner une élection. Il a choisi comme stratégie de négociation avec le Gouvernement du Québec de demander publiquement à la ministre des Affaires municipales de se mêler de ses affaires lorsqu’elle a exprimé une préoccupation légitime à la suite de l’augmentation des salaires des conseillers.

En désespoir de cause, il fait maintenant une demande de 40 millions par année sur la place publique au Gouvernement du Québec, dont 30 millions en provenance du Fonds des générations.  Quel parti politique et quel ministre des Finances, qui veut rester en poste, va accepter de piger 30 millions par année dans le Fonds des générations pour financer les améliorations des infrastructures de Saguenay, alors que toutes les villes du Québec expriment des besoins semblables? Nous sommes devant un mur.

Michel Potvin est un homme honnête. Il a donné le meilleur de ses capacités pour améliorer la situation financière de notre ville. Il mérite nos remerciements. Un regard neuf et un nouveau responsable des finances sont nécessaires pour préparer un plan financier crédible dont les conséquences sont prévisibles et permette de convaincre le Gouvernement du Québec d’apporter une contribution supplémentaire nécessaire et les citoyens d’accepter de payer davantage. »

5 réponses pour “Le plan triennal 2024-2026 de Saguenay, un saut dans le vide.”

  • Merci de votre éclairage
    Espérant que les citoyens(e) de cette ville prennent et lisent cet article.

    Merci de nous informer

  • Bonjour, Michel Potvin a, à mon avis, un patron au conseil en Kevin Armstrong. À la trésorerie, ils sont appuyés par 2 autres conseillers dont Marc Bouchard. Tous ont validés la présentation du PTU et l’ensemble des élu(e)s de Saguenay ont entériné ce projet. Ce PTU est une manoeuvre politique afin de cacher certains déboires en regard des futurs élections. Le prochain conseil d’élu(e)s jonglera avec tout ça, une stratégie défaitiste.

  • Il serait pertinent de charger une taxe annuelle spéciale de 200 $ en vue de payer les frais de déneigement au secteur du lac Kénogami à tous les résidents qui habitent ce secteur et les environs du lac Jérôme près de Jonquière.
    Cette taxe serait ajoutée à leurs comptes annuels émis au mois de janvier par l’administration de la ville de Saguenay.

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