Capsule historique

Cet été, le titre d’un roman a attiré mon attention, « Le feu, l’épée et le diable, la saga de 1534 » publié en français en 1983. Ses auteurs canadiens sont Dennis  Adair et Janet Rosenstock. Il se veut un roman historique (de l’avis de l’éditeur) relatant les événements entourant les expéditions de Jacques Cartier en 1534, 1535-36 et celui du duo Cartier et Jean-François de La Rocque de Roberval en 1541 pour se terminer en juillet 1543 sur un ordre de François 1er, roi de France, qui avait besoin de Roberval et de ses militaires pour faire face aux Anglais et Espagnols qui se préparaient à envahir la France.

Le héros de ce roman, si on peut dire, est Roberval. Les auteurs le décrivent comme un noble sans le sou, voire criminel, bipolaire et incestueux qui ne recherchait que les faveurs de la cour de France. Il couchait avec sa mère et a violé sa sœur qui est tombée enceinte pour laisser par la suite son enfant, alors adulte, sur une ile déserte du Golfe Saint-Laurent. En somme l’archétype du bon colonisateur et l’antithèse de ce que je me souvenais d’avoir lu à propos de Roberval.

Évidemment la liste des volumes que ces auteurs ont consultée est très restreinte et inclut des écrivains comme Rabelais (Gargantua) ou Marguerite d’Angoulême, reine de Navarre, qui a entendu par ouï-dire certains événements qui se seraient déroulés lors de ce voyage de Roberval.

Pour le moins dubitatif, je me suis donc empressé de relire le livre, « La rumeur dorée, Roberval et l’Amérique », par Bernard Allaire, historien québécois spécialiste des sociétés urbaines et maritimes de l’Europe et de l’Amérique du Nord et publié en 2013 par les Éditions La Presse et la commission de la Capitale Nationale.

Se basant sur des documents manuscrits officiels et sur d’anciens et récents imprimés (naturellement le roman n’en fait pas partie), Allaire nous décrit Roberval comme un noble à l’aise financièrement, militaire de carrière, ingénieur et généreux. Il a été choisi comme premier lieutenant général de Nouvelle-France justement à cause de ses qualités de meneur d’hommes et ses compétences en matière de fortifications pour la protection des colons, qualités que Jacques Cartier ne possédait pas, préférant l’exploration à la colonisation.

Ces voyages ont engendré plusieurs rumeurs dont, entre autres, les faux diamants du Canada et le faux Royaume du Saguenay.

Il me faudrait un chapitre pour expliquer comment les auteurs du roman ont pu tirer ces conclusions. Ça prend une phrase pour ruiner le nom d’une personne et toute une vie pour rétablir sa réputation. 

Méfiez-vous donc de ces romans dits historiques qui se basent sur des légendes urbaines plutôt que sur des faits avérés.

Note – Les auteurs m’ont tout de même tenu en haleine jusqu’à la fin mais en réalisant que je lisais une histoire inventée au fur et à mesure que j’avançais. 

Roberval, ville du Québec au Lac-Saint-Jean, en l’honneur de Roberval qui naturellement n’est jamais allé à Roberval (une autre rumeur qui a circulé un bon moment).  

 

 

3 réponses pour “Qui est Roberval? Un voyou ou un honnête homme?”

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