On apprenait, le 24 décembre dernier, que Métaux BlackRock[1] s’était placée sous la protection de la Loi canadienne des arrangements avec les créanciers des compagnies (LACC). Ce 5 janvier, le Journal de Québec titre que « Québec veut réinvestir dans un projet de mine boudé par le privé ».
Ce projet fait les manchettes depuis au moins 2011. Le 7 mai 2012, le conseil municipal de la Ville de Saguenay s’engageait[2] à financer à la hauteur de 6 M$ la construction d’une desserte ferroviaire (réalisée en 2013) pour acheminer le minerai au port de Grande-Anse. On connaît la suite, le port attend toujours le premier convoi.
Pourquoi ce projet n’aboutit-il pas? Pourquoi les investisseurs privés sont-ils si frileux?
S’ils ont pris connaissance de l’information publique qu’un simple profane en la matière peut consulter, leur hésitation n’est pas du tout surprenante.
Voici deux illustrations qui vont vous permettre de tirer vos propres conclusions.
Au préalable il faut réaliser que ce projet ne pourrait jamais voir le jour s’il n’y avait pas de vanadium. Le % de magnétite (Fer) est trop bas et celui du dioxyde de titane n’est guère mieux. Donc le produit principal pour la mine de BlackRock est le pentoxyde de vanadium (V2O5).
La première figure est un graphique[3] qui contient la liste de plusieurs projets de construction de mines VTM (Vanadium–Titanium-Magnetite) similaires à celles de Métaux Blackrock ou Graphite-Vanadium. Ces données de 2016 ont peut-être évolué, mais il n’est pas possible qu’elles soient périmées. Pour qu’une mine soit vraiment rentable, il faut que la concentration en vanadium (% de V2O5) soit très élevée dans le minerai. Sinon il faut que le tonnage total de minerai soit très important pour allonger la durée d’utilisation de la mine et ainsi rentabiliser les coûts d’investissements sur une plus longue durée. Or, on remarque que deux projets (voir carte ci-contre) au Québec[4], Métaux BlackRock (cercle 10) et Vanadium Corp (cercle 11) ne rencontrent aucun de ces critères. En effet, leur teneur en Vanadium dans le minerai ne dépasse pas 0,5% et le tonnage total disponible est respectivement de 112 MT et 213 MT. On constate que plusieurs autres projets sont beaucoup plus intéressants, soit parce que leur % de vanadium est deux à trois fois plus élevé (projets 1, 2 et 3) ou soit parce que leur tonnage est considérable (projets 8 et 9).
Considérant que la demande pour ce produit n’est pas suffisante pour justifier la mise en œuvre de tous ces projets, lesquels auront alors la faveur des investisseurs? Poser la question c’est y répondre.
[1] Louis Tremblay, Isabelle Tremblay, Métaux BlackRock se place à l’abri des créanciers, Le Quotidien. 24 décembre 2021
[2] Résolution VS-CM-2012-120
[3] Source : « Bushveld Vanadium project » auquel graphique j’ai ajouté Métaux Blackrock et Vanadium Corp.
[4] La carte géographique nous révèle que ces deux projets font partie d’un même gisement et, par conséquent, ils ont à peu près les mêmes caractéristiques.
Pourquoi pas d’investisseurs?
Voilà une réponse limpide, pertinente, fouillée et scientifiquement démontrée.
La nouvelle mairesse aurait intérêt à s’informer avant de dire n’importe quoi sur les mines.
Encore une fois, on a jeté l’argent par les fenêtres en construisant une desserte à Port Saguenay, presqu’abandonnée, qui ne trouvera jamais preneurs.
Bon, il reste encore le projet minier du Lac Paul à se voir condamné à l’oubli.
Cela aura au moins l’avantage de protéger l’attrait touristique par excellence du Saguenay: le Fjord.
Aussi le minerai du dépôt de Black Rock présentait un % élevé de titane (une teneur de 9,5 % en TiO2, la référence GM 47 871), ce qui empêchaient l’extraction du fer à l’intérieur des hauts fourneaux en sidérurgie. Le titane étant considéré comme étant un élément néfaste.
Au sud de la ville de Chibougamau, près du projet Black Rock, il a le projet d’extraction du fer et du vanadium de l’entreprise Voyager Metals avec des ressources indiquées de 679 millions de tonnes à une teneur en fer pure de 24%+0,17 % de V2O5 (pentoxyde de vanadium). Les faibles teneurs en titane (1,65% de TiO2) sont un facteur clé dans la viabilité économique du projet (l’estimation des ressources de mai 2021).