dans les circonstances.
Pourquoi une municipalité a-t-elle besoin d’argent? La réponse est très simple.
Les municipalités ont été créées de toute pièce par le gouvernement du Québec afin de donner des services de première ligne à ses citoyens : les infrastructures routières et leur entretien, la sécurité incendie et la sécurité publique, la distribution de l’eau potable, la collecte des égouts et des matières résiduelles, l’hygiène du milieu ainsi que les loisirs et la culture. Font également partie des devoirs des grosses municipalités, le transport collectif, l’aménagement du territoire, le développement durable, l’environnement, les logements sociaux et le développement économique. Certaines villes, avec naturellement la permission du gouvernement, se sont embarquées dans la production et la distribution de l’électricité, dans le développement et l’opération d’une aérogare, dans le soutien financier à un port commercial et certaines sont allées encore plus loin dans la construction, la promotion et la gestion d’un quai de croisières.
Tout ceci, naturellement, demande beaucoup de ressources humaines, matérielles et financières: rémunération du personnel, construction de bâtiments, acquisition et entretien de l’équipement, financement d’investissements à longs termes. Et, pour coiffer le tout, six autres départements apportent leur soutien : évaluation municipale, ressources humaines, ressources informationnelles, finances, communications et affaires juridiques (et greffe). Enfin, tout cela est géré par un conseil municipal auquel se rapporte un directeur général qui, lui-même, supervise une armée de cadres.
Naturellement, ce n’est pas le gouvernement, ou si peu, qui paie tout cela. Il faut donc que la ville, à l’intérieur des domaines de taxation qui lui sont permis, trouve le moyen de balancer ses comptes, soit d’avoir des revenus qui couvrent toutes ses charges. Sa principale source de revenus est la taxe foncière basée sur l’évaluation de tous les logements résidentiels, commerciaux, industriels et agricoles. Cette taxe (et tenant lieu de taxes pour les édifices gouvernementaux et institutionnels) représentaient, en 2020, 64% de ses revenus (268 M$). Puisque rien normalement, ne devrait perturber considérablement le cours des opérations, la gestion financière d’une ville, d’une année à l’autre, devrait être un fleuve tranquille sur lequel vogue les revenus et les charges au gré des variations de l’évaluation municipale, de l’inflation, des améliorations de productivité et des nouvelles exigences du ministère des Affaires municipales ou de celles des citoyens. Tout pour que ce contexte fasse l’envie de beaucoup d’entreprises. En somme un marché fermé!
… À moins que la ville ne se mette elle-même dans le pétrin, entre autres :
- en 2008, en prenant de trop gros risques dans ses placements pour les régimes de retraite; ceux-ci ont accusé un énorme déficit actuariel[1] qui est loin d’être résorbé,
- de 2003 à 2009, en gelant, à toutes fins pratiques, les comptes de taxes des résidences familiales, comme stratégie électoraliste, alors que la ville était incapable de limiter les dépenses de fonctionnement qui augmentaient[2] de 60%, (on s’est rabattu sur les commerces et les industries pour compenser, en partie, ce manque à gagner)
- de 2002 à 2018, en délaissant les investissements dans le renouvellement des infrastructures au profit de projets[3] qui n’apportent aucune retombée économique significative pour la Ville. Il faudrait maintenant mettre les bouchées doubles pour entretenir nos infrastructures,
- en ne tenant pas compte, depuis 2002, de sa mauvaise économie[4] qui a entraîné une décroissance démographique et une stagnation de sa richesse foncière (RFU) alors que des villes similaires voyaient la leur doubler,
- depuis 2009, une dette et des frais de financement qui se sont emballés[5] à tel point, qu’alors que nous avions, en 2003, la meilleure performance des villes similaires (Trois-Rivières, Sherbrooke et Lévis), nous sommes devenus les cancres en 2020, la dette totale (incluant la dette sur les investissements, sur le fonctionnement, les « cautions pour des emprunts déguisés » et le déficit actuariel) passant de 1 116 $ à 3 699 $ par habitant.
On aurait pu ajouter à cette liste les dévaluations inexplicables et inexpliquée des usines Rio Tinto ou le remboursement de la dette qui est généralement inférieur à la dépréciation des immobilisations. Autant d’exemples qui démontrent un besoin criant de revenus.
Nous sommes les propres artisans de nos malheurs.
Actuellement, la ville de Saguenay est la deuxième plus pauvre[6] (basée sur l’indice de vitalité) des villes de plus de 100 000 habitants au Québec. Pourtant le revenu total médian des particuliers se comparent avantageusement à celui de la plupart de ces villes tel que le démontre le tableau ci-dessous.
Tant et aussi longtemps que les citoyens goberont des promesses qui ne sont que des cadeaux de grec comme le gel des comptes de taxes, ou des boîtes de Pandore tel le quai d’escale, nous serons incapables de reprendre notre place parmi les grandes villes du Québec.
Ce n’était vraiment pas le temps de geler le compte de taxes, du moins celui des particuliers. Dans les prochaines chroniques nous verrons comment nous nous situons par rapport à des villes similaires et comment l’administration municipale a réussi à balancer son budget. Par la suite nous vous démontrerons comment nous sommes déficitaires par rapport aux autres villes équivalents.
[1] Une chronique vous sera transmise à ce sujet prochainement.
[2] Jacques Pelletier, Saguenay sous l’administration Tremblay, 2017, Éditions Ichkotimi, page 127
[3] Pensons, entre autres, aux investissements pour le quai d’escale, pour Port Saguenay et sa desserte, pour certains tronçons de la piste cyclable, pour l’accès et le parc industriel de l’aéroport, pour La Place des citoyens, pour la bibliothèque de Jonquière, etc.
[4] Continuité à Promotion Saguenay : la pire des solutions – Jacques Pelletier
[5] Une chronique vous sera aussi transmise à ce sujet.
[6] Institut de la statistique du Québec, classement des municipalités du Québec de 100 000 habitants et plus, selon l’indice de vitalité économique, 2018 (date de la dernière révision).
Merci Jacques pour tes chroniques intéressantes.
Je suis moi aussi très déçue de voir que la seule préoccupation de la majorité des citoyens soit le taux de taxation à la baisse. Je pense qu’on ne paie pas cher pour tous les services que nous avons.
En effet.
Et j’aurais voulu que mon compte de taxe augmente comme il se doit pour éviter les mauvaises surprises aux générations futures.
Comme si l’avenir n’était pas assez sombre et bouché pour les futurs payeurs de taxes (si un jour il en reste), voilà qu’une foutue engeance à l’hôtel de ville revient à la mode Jean Tremblay en pelletant les problèmes sous le tapis ou par en avant.
Bonjour
Je te félicite pour le beau travail et pour la clarté de l’information que tu donnes sur tous les sujets.
Je me sers de cette section commentaire pour te faire réfléchir.
Combien cela peut coûter pour se présenter à la mairie?
Comment a-t-elle fait pour ramasser cet argent?
Pourquoi elle s’est empressée de renommer deux personnes à Promotion Saguenay, ces deux personnes avait été mises de coté par Josée Néron, il y a anguille sous roche
Monsieur Paris,
Je n’ai pas l’intention de personnaliser le débat. Je préfère m’en tenir aux faits, aux gestes et aux décisions posés par les élus durant leur mandat.
En ce qui concerne Promotion Saguenay, je vous invite à relire ma chronique https://jacquespelletier.ca/chronique/continuite-a-promotion-saguenay-la-pire-des-solutions/.
Bonne chronique Jacques.
Un moyen de ne pas hausser les taxes est de négliger l’entretien des infrastructures enfouies qui ne paraissent pas trop, aqueduc et égouts.
Du temps de la première administration, on a effrontément négligé cet aspect et ce sont 50 à 100 millions possiblement en coûts latents qu’il faudra bien assumer un jour.
C’est en somme une partie de la dette non encore inscrite aux livres.
Strophe à l’affirmation.
L’aveuglement volontaire va simplement nous éconduire.
De la méthode ti-Jean Tremblay on veut nous enduire.
À une faillite municipale, le risque est de nous conduire.
Alors que de son bord, Josée Néron, la dette, elle a voulu réduire.
Faut pas avoir un très gros quotient, pour cela en déduire.
Le maudit poète.
La méthode que Jacques Pelletier a mise de l’avant encourage le vrai débat.
J’espère qu’augmentera, au fil du temps, son indispensable lectorat.
Il nous faut faire l’unité autour des vrais enjeux en ce politique combat.
Pour revenir mieux préparer afin de gagner le prochain mandat.
Bonjour et bonne année.
Investir pour augmenter les revenus autonomes de la ville.
Comment?
En décontaminant un terrain pour en faire qqch de rentable.
En réaménageant le pont Sainte-Anne.
Pour faire face à l’augmentation des coûts d’une nouvelle bibliothèque à la Baie.
En produisant de l’électricité avec la rivière Picoba.
À mon avis, on est bien loin de voir rentrer des revenus autonomes avec ces projets.
À mon avis, la dette déjà étouffante va continuer à augmenter avant de voir un dollar entrer dans la coffre de la ville pour compenser le gel des taxes foncières.
La Ville se comporte comme ces individus qui s’endettent pour se faire plaisir avant tout.
ML