Saguenay, une ville atypique, dysfonctionnelle et non viable
Suite à mon intervention au conseil municipal, le 17 janvier dernier, j’ai eu une rencontre avec les représentants des finances de la Ville le 24 janvier qui a été suivie d’échanges courriels afin de préciser certains éléments financiers et je tiens à en souligner l’esprit cordial et ouvert. Parmi ces objets de discussions deux de ceux-ci retiennent particulièrement mon attention. En espérant que ces précisions techniques ne vous rebuteront pas trop.
Toutefois, ils ne changent en rien le constat que l’on peut faire de l’analyse du rapport financier. Je le répète, les deux dernières administrations ont hérité d’une ville mal conçue au départ, mal gérée par la suite, dont les revenus n’ont pas été à la hauteur des dépenses et qui a donc accumulé une importante dette de fonctionnement en plus des investissements et placements à rentabilité (économique et sociale) douteuse (sauf le réseau d’électricité) ou n’étant pas de son ressort (Quai d’escale, desserte ferroviaire, parc industriel aéroportuaire, etc.), négligeant conséquemment le remplacement des infrastructures de bases.
La dette à long terme versus l’endettement total net à long terme
J’ai apporté deux corrections à mon article du 4 janvier dernier, « Le budget 2023 de la ville de Saguenay », soit :
- la dette relative aux cautionnements a été diminuée de 7 à 5 M$, un des deux engagements étant supporté par le gouvernement du Québec,
- la dette à long terme (587 M$) est remplacée par l’endettement total net à long terme (508 M$). Les dettes remboursées éventuellement par des tiers (exemple, gouvernement du Québec) ont été soustraites.
Ces corrections ont aussi été apportées aux données provenant des villes cibles. Le graphique illustrant le taux d’endettement total à long terme (sauf le réseau d’électricité) a été modifié en conséquence. L’écart relatif entre les villes est resté tout aussi important.
L’excédent (déficit) de fonctionnement de l’exercice avant conciliation à des fins fiscales, le seul indicateur valable pour se comparer aux autres villes.
Pourquoi n’ai-je pas plutôt utilisé l’excédent (déficit) de fonctionnement de l’exercice après conciliation à des fins fiscales?
Voici comment le MAMH définit la conciliation à des fins fiscales:
« Rapprochement fait entre l’excédent (déficit) de l’exercice et l’excédent (déficit) de l’exercice à des fins fiscales visant à mettre en évidence les éléments expliquant l’écart entre ces deux soldes, étant donné les bases différentes sous-jacentes à l’établissement de l’un et de l’autre ».
C’est très clair, on utilise les principes comptables généralement reconnus, PCGR, dans tout le Canada pour évaluer l’excédent ou le déficit de l’exercice mais, par la suite, et enfin de se conformer aux règles fiscales du gouvernement du Québec, on remplit la section « après conciliation à des fins fiscales ». On soustrait, entre autres, des charges qui ne sont pas des dépenses (amortissements) pour les remplacer par des « vraies dépenses » (remboursement de la dette dans l’année). En somme un hybride de PCGR et de comptabilité de caisse. Il n’empêche que le seul et unique moyen de comparer les résultats financiers des villes est d’utiliser l’excédent (déficit) de fonctionnement avant et non après conciliation à des fins fiscales.
Naturellement et compte tenu de l’historique peu flatteur de la ville en cette matière, il est peu intéressant de présenter le budget de façon à constater le résultat avant conciliation. Donc, on passe sous silence, en 2022 et 2023, l’amortissement (autour de 70 à 75 M$ consolidé) et on inscrit seulement le remboursement de la dette (49 M$). À ce seul titre, on vient d’améliorer les résultats de 21 à 26 M$. Sans compter que le MAMH n’exige pas un budget consolidé (incluant les organismes contrôlés), ce qui complexifie la tâche lorsqu’il s’agit de comparer le budget et le réel. Heureusement cette distorsion mais n’est pas suffisante pour changer la tendance.
Mais comment vont se terminer financièrement les résultats de 2022 et 2023? Tout va dépendre de la volonté et de la capacité de l’administration actuelle à générer des revenus supplémentaires et à diminuer les dépenses tout en offrant des services équivalents à ceux des villes cibles, donc à faire mentir le budget. Tant mieux s’ils y réussissent sans déficit de fonctionnement avant conciliation. Il demeure que les revenus sont relativement stagnants et que les charges dépassent l’inflation depuis de nombreuses années.
Ne croyez-vous pas qu’il est temps de repenser cette ville?
Bravo M. Pelletier, excellente analyse. J’aime en particulier le 2e paragraphe. Je m’interroge beaucoup sur l’impact des huit (8) gels de taxes consécutifs de Jean Tremblay sur notre dette actuelle. Surtout avec la récente montée des taux d’intérêts. À mon avis, des cadeaux très empoisonnés.
Que voilà un tableau qui parle par lui-même.
Rien qu’à voir, Trois-Rivières est le barème.
Saguenay personnifie la cigale, à l’extrême.
Le gel de taxes en 2022 fut la gaffe suprême.
Les générations futures vivront un dur carême.
Dufour a volé l’élection; en 2025, l’anathème.
Détricoter cette ville, revenir à l’ancien système.
Services et achats en commun, sans ville blême.
Le nom Saguenay: du vide, n’est que l’emblème.
Marcel, Oui il y a eu gel réprimandable en 2022, mais ne pas oublier les HUIT (8) gels de Ti-Jean de 2002 à 2010. Lesquels ont dû être compensés par l’augmentation de la dette.
Très bon article
Oui très bon article , bravo pour l’analyse M.Pelletier. J’aurais été curieux de voir dans votre tableau [même en sachant que ce ne sont pas des villes comparables] une ligne dans le graphique représentant la ville d’Alma…..! Elle doit être, je pense dans une ligue à part en terme de bonne gestion des finances au fil des années…..
Peut-être un jour…
Encore merci Jacques Pelletier pour la rigueur de ton travail, tout est bien articulé et très compréhensif. Je crois qu’il est plus que le temps de revoir notre ville, car celle-là ne va nul part!
Les gels de taxes passées n’étaient que des subterfuges politiques permettant à Jean Tremblay de se péter les bretelles et de s’acheter des votes. Les mauvais investissements ont dû être comblés par des emprunts qui ont augmenté la dette à long terme de la municipalité. Les générations présentes et futures en paient déjà le prix.
Saguenay sous chape de plomb
Vous écrivez Saguenay, une ville atypique, dysfonctionnelle et non viable.
Je suis d’accord.
Depuis longtemps, au gré de vos chroniques, vous avez décrit les déboires et le dysfonctionnement de la Ville de Saguenay. J’ai en tête des événemnts, plus ou moins récents, le sabordage de la corporation Saint-Édouard vouée à la création d’un centre culturel à La Baie; l’éditorial de Daniel Côté intitulé La somme de nos égoïsmes; la chronique de Roger Blackburn sur la rage de démolitions pour parkings; le cri de Jean-Charles Dubé; l’état des finances de la Ville, votre sujet d’aujourd’hui
Tout cela s’intègre en un même tableau qu’on pourrait intitules Le Champ de ruines, dont la démographie et l’économie déclinantes forment la sombre toile de fond.
Comment en est-on arrivé là? Je crois comme vous que la structure actuelle de la région de Saguenay, enfermée dans la Ville du même nom, y est pour beaucoup. Les cultures de Jonquière, de Chicoutimi et de La Baie ne s’arriment pas. Ville plombée par les rivalités territoriales écrit Daniel Côté. Ville plombée n’avance pas. Il faut en tirer les conclusions.
La création de la Ville de Saguenay, patente à grosse pointure s’il en est une ─ territoire plus vaste que Montréal ─, aurait diminué les coûts (hahaha). Cependant, elle a détruit le dynamisme local, surtout à Chicoutimi et La Baie, et failli absolument à créer une cohésion citoyenne à la grandeur de son immense espace. D’où je n’habite pas à La Baie, je ne joue pas aux livres ni à la culture, je ne veux pas payer pour un centre culturel là-bas.
Je ne sais pas quelle structure serait adéquate, mais je sais qu’elle devra prendre acte de la culture du territoire actuel de Saguenay, notamment la multiplicité des centres-villes, Jonquière, Kénogami, Arvida (un modèle!), Chicoutimi, Bagotville, Port-Alfred, Grande-Baie. C’est ce qui rend si sympathique la ville de Londres, que je connais bien par expérience de vie là-bas. Alors les grands ensembles technocratiques, qui rabotent tout, selon big is better et économies d’échelle, en faisant fi du grand principe Pas sage de mettre tous ses œufs dans le même panier, je ne n’y adhère pas.
Il est temps de poser la question à nos concitoyens: quand en aurez-vous assez de ce machin bancal imposé depuis le haut il y a vingt ans à des communautés qui n’en voulaient pas? Et qui, si je ne me trompe, considérant les résultats, n’en voudraient toujours pas ?
1-Avec un dossier très bien étoffé en ce qui concerne tous les effets négatifs à la croissance de la ville de Chicoutimi,
2-en travaillant très fort pour démontrer à toute la population ce que Chicoutimi a perdu depuis cette erreur de fusion bâclée par des incompétents sur le bord d’une table de restaurant, et avec des envieux qui n’avaient que le but de détruire la ville florissante de Chicoutimi, 3-en exigeant une enquête de compétence de tous les membres du comité de cette fusion(nous aurions de grandes surprises sur leur capacité et compétence),ce ne sont que quelques suggestions mais, je crois que nous pouvons réussir à retrouver notre autonomie de VILLE de CHICOUTIMI!