Enfin nous pouvons, statistiques à l’appui[1], nous enorgueillir d’être les meilleurs au Québec.  Dans quoi me direz-vous? Nul autre que dans la langue! Selon Stat Can nous affichons un score de 98,4% de la population qui parle français à la maison. Un contraste énorme avec l’Île de Montréal (tableau ci-contre[2]).

Pourquoi ne pas ajouter cet avantage pour vendre la région du Haut-Saguenay. Dans un environnement anglophone, il y a un village « gaulois » qui résiste à l’envahissement où on peut s’y rendre par autoroute, par mer (bateaux de croisières) et par air (aéroport pouvant recevoir les plus gros avions).

Notre université fourmille de linguistes pour l’obtention d’un baccalauréat en sciences du langage qui peut vous mener à une maîtrise en linguistique[3]. En partenariat avec le privé, l’UQAC pourrait développer un centre linguistique pour la traduction de livres étrangers en français, ou la formation de traducteurs.  Au Centre linguistique du Cégep de Jonquière,[4] voici ce qu’ils offrent : « les étudiants inscrits à l’un de nos séjours linguistiques pour apprendre le français sont en contact étroit avec les gens du milieu. La vie au jour le jour et les activités socioculturelles proposées sont des moyens privilégiés pour plonger l’étudiant dans la culture québécoise la plus pure! » Venez constater par vous-même, vous serez dépaysés!

Mais voilà il y a un hic: vivons-nous vraiment dans un environnement francophone?

  • Allez prendre un bon repas dans un de nos nombreux restaurants[5] à saveur régionale, européenne, orientale, ou dans nos bars et brasseries, sans oublier la restauration rapide, vous serez envahis par des chansons anglophones. Lors d’un voyage d’affaires au Venezuela, je fus agréablement surpris de l’ambiance espagnole qui régnait dans les hôtels et particulièrement dans les restaurants.
  • Syntonisez un poste de radio régional, incluant Radio-Canada, et vous aurez l’impression d’être à Toronto ou sur l’île de Montréal si vous écoutez de la musique. Et comme partout ailleurs les animateurs utilisent à profusion des anglicismes et la plupart du temps sans même s’en apercevoir.
  • En parcourant, entre autres, le boulevard Talbot, lisez les enseignes et vous ne verrez pas de différence avec aucune autre ville du Québec. Les enseignes en anglais défilent désespérément : McDonald’s (avec ‘s), Benny & Co (au lieu de Benny & Cie), Burger King (Le roi du Burger ferait aussi bien l’affaire), Canadian Tire (le pire nom qu’on puisse trouver), Bulk Barn (pas mieux). Une exception : Le Tigre Géant. J’arrête là et nous ne sommes qu’à la porte des deux gros centres d’achat.
  • Nos fabricants, que j’estime pourtant pour leur esprit d’entreprise, ont souvent tendance à choisir des mots à consonance anglaise pour désigner leurs produits : Red Champagne, MRSINK, HabitatPOD, CoolBox, etc.
  • Parlons des hôpitaux. La grande majorité de l’équipement et des produits qui sont utilisés ont des inscriptions uniquement en anglais.
  • Bonne nouvelle toutefois si vous désirez voir un spectacle : la programmation actuelle de Diffusion Saguenay présente des artistes (chanteurs, humoristes, comédiens) qui sont très majoritairement francophones. En espérant que ce ne soit pas tous des Céline Dion dont le répertoire est en anglais.
  • Mais il ne suffit pas que les médias, les salles de spectacles et les marchands utilisent davantage le français pour mériter le titre de capitale nationale du français. Il faut aussi, que nous tous sachions ou faisions un effort pour nous exprimer oralement et par écrit sur les médias sociaux, entre autres, dans un français convenable. Les parents, les professeurs et les entreprises y ont un rôle essentiel à jouer. Même si les visiteurs qui nous côtoient ne nous parlent pas, ils nous entendent parler. Entre nous, ne trouvez-vous pas que nous devrions être fiers de notre langue et la bien parler et la bien écrire, c’est ce qui nous procure une grande satisfaction.  

Oui, il faut bien accueillir nos visiteurs de quelque provenance que ce soit. Tous les véhicules utilisés pour des circuits touristiques devraient être munis d’écouteurs dans plusieurs langues pour faire connaître notre histoire. En Europe nous avons observé jusqu’à un choix de seize langues. Il est normal que dans le domaine touristique plusieurs postes soient bilingues. Mais en ce qui concerne notre environnement, quel message voulons-nous faire passer? «Venez chez nous, vous ne serez pas dépaysés, vous aurez l’impression d’être chez vous» ; ou plutôt «Venez chez nous, vous vivrez une expérience sans précédent en Amérique du Nord».

Nous avons une occasion unique de nous démarquer, ne laissons pas passer une telle opportunité. Serait-il possible que tous les acteurs (tourisme, éducation, santé, information, gouvernement) s’entendent pour que graduellement, chacun dans sa sphère, nous puissions percevoir une amélioration qui justifierait pleinement de s’autoproclamer « Métropole française nord-américaine »?

[1] Wikipédia : La région métropolitaine [de recensement] de Saguenay, RMR, est une entité géostatistique définie par Statistique Canada qui est formée de la ville de Saguenay, des municipalités de Saint-Honoré, Saint-David-de-Falardeau, Saint-Fulgence, Larouche, Saint-Félix-d‘Otis, Saint-Charles-de-Bourget et de la municipalité de paroisse de Sainte-Rose-du-Nord. Voir la carte ci-dessous.

Avant la fusion, cette RMR a toujours porté le nom de « Chicoutimi-Jonquière ». Le nom actuel « Saguenay » est inapproprié puisque le nom Saguenay désigne avant tout la région du Saguenay qui regroupe trois sous-régions : le Bas-Saguenay, le Haut-Saguenay et le Lac-St-Jean, soit un territoire beaucoup plus vaste que cette RMR. Un autre exemple d’aberration et de confusion. Depuis 2002 le territoire a quelque peu été modifié.

[2] Office québécois de la langue française, CARACTÉRISTIQUES LINGUISTIQUES DE LA POPULATION DU QUÉBEC EN 2021, page 2

[3] https://www.uqac.ca/programme/7079-baccalaureat-en-linguistique-et-langue-francaise/

[4] https://langues-jonquiere.ca/fr/francais-a-jonquiere.html

[5] https://ville.saguenay.ca/files/g7/2019_05_09_liste_resto_bar_bilingue.pdf 

 

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