Les zones urbaines représentent 13% du territoire de la Ville de SaguenayLorsqu’on parle d’étalement urbain, ce qui nous vient tout d’abord à l’esprit ce sont ces quartiers résidentiels, de faible densité de population, qui s’étendent, dans certains cas, à perte de vue grugeant les zones forestières et les terres cultivables. Mais ce n’est pas que cela.

Observons ce qui se passe dans le Haut-Saguenay. On y a créé une « nouvelle ville », en 2002, dont la population est majoritairement concentrée à près de 80%[1] dans les périmètres urbains de Jonquière (incluant Kénogami et Arvida) et de Chicoutimi (incluant Chicoutimi-Nord et Rivière-du-Moulin), qui représentent moins de 10% du périmètre de la ville.

Mais il y a plus problématique: entre autres, la tendance à créer un nouveau « centre-ville » dans une zone jouxtant les arrondissements de Chicoutimi et de Jonquière. Certains suggèrent d’y investir dans un nouvel hôpital au lieu de réaliser le projet de 500 M$ à l’Hôpital de Chicoutimi, d’autres y voient d’un bon œil l’implantation d’un aréna double, etc., comme si ces édifices se suffisaient à eux-mêmes. Ces gens ne réalisent pas qu’une foule d’autres services gravitent autour. Bien que situé dans le périmètre urbain, ce fut une erreur d’accepter la réalisation de l’Axe à l’endroit où il se situe actuellement. Évitons d’autres aberrations de ce genre. Autre exemple, sous prétexte que le terrain lui appartienne, la Ville désire créer un autre parc industriel à Laterrière pour accommoder les fardiers. Naturellement, lorsqu’on pense à l’aéroport de Bagotville, aux ports de Grande-Anse, au Quai d’escale ou à celui de Rio Tinto, on conçoit qu’il peut se créer, autour de ces installations, des infrastructures compatibles avec leur vocation. Toutefois, avant d’y investir des M$ en infrastructures, gardons bien précieusement les subventions et la part de la ville en banque jusqu’à ce que des prometteurs sérieux se présentent et s’engagent.

La nature a horreur du vide. On se croit obligé d’occuper tout le territoire.

Avez-vous lu le livre « Rebâtir les régions du Québec[2] »? M. Vachon y traite, entre autres, de l’étalement urbain qui est un problème à la grandeur du Québec. « Le dispositif généralement appliqué pour freiner l’étalement urbain est la densification, c’est-à-dire le fait qu’une population plus nombreuse vive dans un même espace urbain[3] ». » Il identifie cinq modes de densification :

  • Développer la ville dans la ville, soit l’optimisation de l’espace;
  • Faire la ville sur la ville, soit construire en hauteur;
  • La ville maintenue en ville, soit une ceinture verte pour contenir l’étalement;
  • Faire la ville sous la ville, par des tunnels ou des stationnements souterrains par exemple;
  • Concevoir une ville malléable, les fonctions et activités de la ville sont régulées selon le principe de l’alternance;

Il n’est pas prévu que la population[4] ( – 2%) et les activités économiques[5] de la région du Saguenay augmentent significativement au cours des 20 prochaines années. Elle vit plutôt le contraire. Dans son étude économique de 2022, Desjardins ne mentionne plus, comme ce fut le cas en 2021, les projets Métaux BlackRock à 1 G$ et GNL à 9 G$ : tout ce qui reste ce sont les promesses de Rio Tinto de quelques centaines de M$. Raison de plus pour éviter tout étalement. Tous ces modes de densification sont applicables simultanément dans une même ville mais certains plus que d’autres. 

Au-delà de l’étalement urbain, il y a aussi la compatibilité des types d’affectations. Est-ce une bonne idée d’avoir déjà une zone dévolue à la santé et qu’au lieu d’en retirer les meilleurs bénéfices possibles, on choisisse plutôt d’ériger, à dix kilomètres plus loin, un autre centre dédié à cette fin? Quant à la question d’un nouveau stationnement près de l’hôpital de Chicoutimi, pourquoi pas un stationnement souterrain (la ville sous la ville)?

Tant et aussi longtemps que nos élus ne parviendront pas à définir un plan d’aménagement cohérent, en commençant par se questionner sur la pertinence de l’étendue de cette ville, le péril des projets à la pièce sera omniprésent.

[1] Saguenay, une ville sous-peuplée mais tentaculaire – Jacques Pelletier

[2] Bernard Vachon, Rebâtir les régions du Québec, Éditions MultiMondes, 3e trimestre 2022.

[3] Idem, page 188-191. Un autre moyen est la décentralisation des activités gouvernementales au profit des moyennes et petites villes. Ceci est un autre sujet, soit celui du développement économique en ce qui concerne notre région.

[4] Principaux indicateurs sur le Québec et ses régions (quebec.ca)

[5] 10 mai 2022 : region-administrative-saguenay-lac-saint-jean.pdf (desjardins.com)

   6 avril 2021 : 21SLSJ-f.pdf (desjardins.com)

2 réponses pour “L’étalement urbain, ce n’est pas uniquement une question de nouveaux quartiers résidentiels  ”

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