C’est en 1661 que le mot Chicoutimi apparaît pour la première fois dans la Relation des Jésuites. Le 1er juin, les pères Dablon et Drueilletes quittent Tadoussac, mandatés par Jérôme Lalemant, supérieur des jésuites, pour se rendre à la Mer du Nord afin d’évangéliser les « Sauvages ». Ils sont accompagnés de « Sauvages » (40 canots) mal en point car affectés « par une maladie contagieuse, jusqu’alors inconnue, et qui enlevait la plupart de ceux qui en étaient saisis ». Le voyage s’avère difficile et périlleux. En cours de route, Dablon écrit : « Si bien que nous fûmes obligés d’employer cinq jours pour nous rendre jusqu’à une lieue de Chicoutimi ». Et lorsqu’il est rendu à Chicoutimi, il écrit : « Nous arrivons de bonne heure à Chegoutimis, lieu remarquable pour être le terme de la belle navigation et le commencement des portages ».
Dablon n’a pas à expliquer ce nom (jusqu’où l’eau est profonde), il fait probablement partie du paysage toponymique depuis plusieurs siècles. Donacona en fait d’ailleurs mention à Cartier en 1535 en décrivant l’endroit en ces termes : « passé huit ou neuf jours la rivière n’est plus parfonde (et navigable) que par basteaulx (canots) ». Pendant plus de trois siècles ce nom Chicoutimi sera le point repère pour désigner la zone tampon entre la mer, le fjord du Saguenay en étant le prolongement, et l’intérieur des terres. Les explorateurs, les missionnaires, les cartographes, les trappeurs, les commerçants et bien d’autres utiliseront ce nom sous de nombreuses graphies, preuve que ce nom était utilisé par plusieurs peuples autochtones et entendu différemment par les Européens.
Maintenant, sur Google, on retrouve le nom Chicoutimi dans un détour du rang Saint-Paul près de Laterrière. Un affront à l’histoire et à notre intelligence et un assassinat de notre mémoire collective.
Ma décision de me présenter à titre de candidat dans le district #10 est motivée par le désir de corriger de telles aberrations, celle-ci n’en étant qu’une parmi bien d’autres.
Heureusement, il n’est pas trop tard. À preuve, ces résultats obtenus en France cette dernière année sur Google Trends, qui analyse la popularité des noms. Voici les résultats[1] pour les noms Chicoutimi et Saguenay. Il est remarquable de constater qu’en dehors de la région on puisse encore, après vingt ans, se référer au nom Chicoutimi pour faire une recherche.