Chicoutimi, le 2 novembre 2022

Monsieur Carl Gaudreault,                                                                           bonjour@baladoboreal.com

Directeur général du Centre d’histoire d’Arvida et chroniqueur pour le Journal Le Réveil

Sujet : Précisions relatives à votre chronique[1], « Alléluia : La télé est arrivée! »

Monsieur Gaudreault,

Bravo pour vos chroniques publiées dans le Réveil. On devrait avoir plus de médias qui ont de l’intérêt pour notre histoire régionale. Ils devraient aussi prendre exemple du Journal de Québec qui publie hebdomadairement une chronique historique. Toutefois, en ce qui concerne votre chronique mentionnée ci-dessus j’aimerais apporter quelques précisions.

Voici un extrait de ce que vous déclarez dans vos 2e et 3e paragraphes :

« Le lundi 21 février 1955, le bureau du gouverneur de Radio-Canada…. accorde un permis à Radio-Saguenay Ltée pour l’établissement d’un service de télévision »… « Jonquière avait des arguments de taille » : « Radio-Saguenay était situé à Jonquière, qui géographiquement est au cœur de la région » …. et qui « était aussi la capitale économique de la région »

Jonquière, au cœur géographique de la région

Le territoire habité du Saguenay-Lac-Saint-Jean s’étend de Petit-Saguenay à l’est jusqu’à Girardville à l’ouest, soit approximativement 200 km à vol d’oiseau. Techniquement, le centre géographique est près de Larouche plutôt que de Jonquière. Si on considère seulement les villes importantes, la zone à couvrir n’est que de 130 km et son centre est la ville d’Alma.  Donc, un peu tiré par les cheveux que d’affirmer que c’était un « argument de taille ». 

Jonquière, capitale économique de la région

Nous sommes en 1955, soit 20 ans avant les premières grandes fusions du gouvernement provincial. Si on tient compte du recensement de 1956[2], la population de Jonquière (incluant la paroisse), avant sa fusion avec Arvida et Kénogami, était de 28 880 comparativement à celle de Chicoutimi (incluant le canton), avant sa fusion avec Chicoutimi-nord et Rivière-du-Moulin, qui était de 29 414. Nous sommes donc devant deux villes à peu près équivalentes en terme démographique. Si nous comparons la structure économique de chacune d’elles il est évident qu’avec son moulin à papier, Jonquière possède une vocation industrielle alors que Chicoutimi est la capitale régionale en ce qui concerne le commerce, la finance, les institutions publiques ou privées d’enseignement, de santé et de justice. Ne croyez-vous pas que d’attribuer à Jonquière le qualificatif de « capitale économique » est, à tout le moins,  un peu exagéré?

Sincères salutations,

Jacques Pelletier, chroniqueur

Lettre publiée sur mon site Web : Jacques Pelletier – Éditions Ichkotimi – Chroniques municipales

[1] Carl Gaudreault, Chronique historique dans les archives du Réveil, Journal Le Réveil, vendredi 28 octobre 2022.

[2] Données obtenues du ministère des Affaires municipales

3 réponses pour “En 1955, « Jonquière, capitale économique de la région » Vraiment ? Lettre à Monsieur Carl Gaudreault”

  • De deux choses l’une: ou bien M. Gaudreault est ignorant des faits et de la réalité de l’époque ou bien il se trompe délibérément. J’opte plutôt pour la deuxième hypothèse. Il se projette en 1975, donc 20 ans en avant, en fait, l’année de la fusion de Jonquière, Kénogami et Arvida et de l’acquisition de facto de l’usine d’Alcan, ce qui, on en convient, conférait à Jonquière une certaine stature industrielle. Mais même avec cette appropriation, Jonquière ne s’est jamais mérité le titre de ville-centre de la région du Saguenay. Définitivement, le centre administratif, éducatif, économique, religieux et commercial n’a jamais été ailleurs qu’à Chicoutimi.
    Cette façon de se projeter en avant me fait penser à ceux qui sont nés dans les années ’50 à ’80 et qui se disent natifs de Saguenay, une ville qui était encore dans les limbes. Comme quoi, on peut sans vergogne tordre la vérité.

  • On dit souvent que l’important est dans les détails. Les rappels historiques que tu apportes viennent nuancer les propos de M Gaudreault.

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