Chicoutimi, le 31 janvier 2022 Lettre ouverte
Mme Julie Dufour,
Mairesse de la Ville de Saguenay (transmis par courriel à tous les destinataires)
Sujet : Peut-on vraiment commémorer les 20 ans du nom de la Ville de Saguenay?
Madame Dufour,
Périodiquement, au Québec, le peuple se rend aux urnes pour le choix d’un gouvernement qui dirigera les affaires de l’état. Avant ou pendant la période électorale, les candidats et ténors de chaque parti font toutes sortes de déclarations et prennent moultes engagements. Le peuple écoute ou n’écoute pas ce qui lui est proposé. Il vote selon les humeurs du moment. Par chance, que ce soit au fédéral, au provincial ou au municipal, la loi stipule que cet exercice doit se répéter tous les quatre ans. Un candidat te plaît plus qu’un autre? Une promesse t’accroche? Allons-y, le peuple garde ou change son choix de départ. Donc, son choix n’est pas permanent et ce système démocratique lui permet de changer d’idées et le choix du prochain gouvernement est donc soumis aux faveurs changeantes du peuple. Pour le meilleur ou pour le pire, ce système démocratique semble le plus approprié pour élire ces gouvernements « provisoires », du moins a-t-il l’avantage de les réaligner.
Qu’advient-il si on utilise le même processus pour choisir, par exemple, le nom d’une ville. La plupart du temps le nom d’une ville s’impose naturellement pour des centaines d’années et lorsqu’on le change on n’est pas du tout enclin à changer d’idée par la suite. Or on constate qu’une certaine municipalité issue des fusions de 2002, la Ville de Saguenay, a utilisé, pour le choix de son nom, une consultation populaire qui n’était même pas un référendum, non régie par les règles d’un référendum et précédée d’aucun processus de consultation approprié. On a mis en présence deux partis (ou comités si vous voulez) qui y allaient de déclarations pour ou contre tel ou tel nom et le peuple, encore une fois, a écouté ou non et a voté sur cette seule base. Des organismes compétents en la matière ont bien tenté de donner leur avis mais le conseil municipal a fait la sourde oreille : ils n’avaient pas droit au chapitre. L’esprit de clocher, la méconnaissance et l’aversion viscérale des municipalités environnantes à l’égard des citoyens de Chicoutimi ont fait le reste. Vive Saguenay! Aucune autre ville issue des fusions n’a osé procéder de cette façon.
On est bien loin du processus qui régissait, il y a déjà plus de 2 500 ans (note[1]), les consultations populaires alors que le peuple (note[2]), sur ordre des instances décisionnelles (note[3]), se devait de se présenter à une assemblée pour s’occuper d’une affaire. Des orateurs, dont la réputation était sans tache (note[4]), prenaient la parole pour ou contre l’affaire. « Les Athéniens ne croyaient pas que la parole nuisit à l’action. Il fallait réfléchir et peser les raisons. La discussion était nécessaire : car toute question était plus ou moins obscure, et la parole seule pouvait mettre la vérité en lumière (note[5]). Le peuple athénien voulait que chaque affaire lui fût présentée sous toutes ses facettes et qu’on lui montrât clairement le pour et le contre. Le peuple est attentif : qu’on le flatte ou qu’on le gourmande, il écoute. Mais le peuple ne devait rien résoudre immédiatement ». Une « commission », formée par la suite, « entendait les partis et son jugement était sans appel ». Le peuple se réunissait à nouveau pour entériner le jugement.
Cet exemple n’a pour but que de vous démontrer tout l’encadrement qui est nécessaire pour laisser largement une décision entre les mains de l’opinion publique.
Au mois d’avril, mois du choix du nom de la ville en 2002, sera-t-il vraiment de mise de commémorer ce choix découlant d’une consultation bidon et qui demeurera une tache indélébile jusqu’à ce qu’un nouveau processus de consultation conforme aux normes appropriées pour traiter ce genre de sujet ne soit entériné. En 2019, un collectif citoyen (note[6]) a présenté une requête en ce sens au conseil municipal précédent qui a refusé de considérer cette requête alors que la plupart des membres du dit conseil n’ont même pas daigné ramasser leur copie du document et forcément en prendre connaissance. Le collectif citoyen n’a pas accepté une réponse aussi cavalière et aussi peu courtoise et respectueuse des personnes qui l’appuyait. J‘en appelle donc au nouveau conseil élu en novembre 2021 et à son écoute plus attentive envers tous ses citoyens pour réfléchir à nouveau sur le nom de la ville et s’assurer que la ville possède un nom qui lui est significatif, distinctif et porteur de notre mémoire collective. Vous savez que notre requête est justifiée. D’ailleurs M. Jean-P. Blackburn, grand organisateur du comité pour le nom « Saguenay » en 2002, a été le premier à me confier qu’avec une commission indépendante c’est le nom Chicoutimi qui serait retenu. « Nous, ce n’était que politique» m’a-t-il affirmé. Mais s’il advenait qu’une telle commission entérine le nom « Saguenay », on s’y soumettra et si elle opte pour le nom « Chicoutimi » le conseil devra prendre ses responsabilités. Le collectif ne va pas capituler devant le dénigrement à l’égard du nom Chicoutimi et demande réparation.
Madame Dufour, à titre de porte-parole du collectif citoyen pour une commission pour le nom, je suis disponible en tout temps pour rencontrer l’ensemble des membres de votre conseil afin de connaître les raisons de vos hésitations et répondre à vos questions. Une telle rencontre exploratoire va de soi avant que le nouveau conseil municipal ne prenne une décision à cet égard.
L’affaire n’est donc pas close.
Pour plus d’information sur le sujet, je vous invite à lire les documents suivants :
- La requête présentée au conseil municipal en juin 2019
- Le document complet accompagnant le requête
- Le toponyme «Saguenay»
- Le toponyme «Chicoutimi»
Veuillez agréer, Madame Dufour, mes salutations les plus distinguées.
Jacques Pelletier, porte-parole du collectif citoyen pour une commission sur le nom
CC :
- Les conseillers municipaux de la Ville de Saguenay
- Mme Andrée Laforest, Députée et ministre des Affaires municipales
[1] Fustel de Coulanges, La cité antique, Librairie Hachette, 1957, pages 390 à 394, Propos de Thucydide (-460 – ~400 Av. J.C.). Ci-contre, buste de Thucydide, Musée royal de l’Ontario.
[2] Ce mot n’avait alors pas tout à fait la même signification car il s’appliquait uniquement aux familles fondatrices de la ville.
[3] Personne ne pouvait arriver en retard ou partir avant la fin sous peine de perdre son droit de citoyen.
[4] Il devait prouver « qu’il jouissait des droits politiques, qu’il n’était pas débiteur de l’État, que ses mœurs étaient pures, qu’il était marié en légitime mariage, qu’il possédait un fonds de terre, etc. ». Il y avait même «une loi qui punissait tout orateur convaincu d’avoir donné un mauvais conseil au peuple».
[5] Les écrits, en ces temps anciens étaient encore rares et ceux qui nous rapportent ces faits étaient eux-mêmes les premiers historiens contemporains de ces événements.
[6] Ce document contient toutes les raisons pour lesquelles les signataires considèrent la consultation de 2002 invalide et dans lequel ils proposent une solution, soit la mise en place d’une commission indépendante afin de réfléchir à nouveau sur le nom de la ville et ainsi permettre à tout citoyen ou tout organisme qui les représente de donner leur avis. Vous trouverez l’hyperlien à la fin de cette lettre.
Bonjour M. Pelletier.
Tout est tellement bien dit, je partage avec mes frères et soeurs qui demeurent ailleurs en province, ainsi qu’à des amis(es). Il me semble que la logique parle par elle-même.
Je vais relire tous vos textes à partir du début.
Merci pour votre implication..
Madame Tremblay,
Vous avez bien raison de mentionner que la logique parle d’elle-même. Pourquoi nos élus ont-ils si peur de la vérité? On me répond (encore hier) que le peuple a voté en 2002 et que le sujet est clos. Jamais on ne peut relever des inexactitudes de mes propos concernant le fil des événements qui ont précédé le vote populaire d’avril 2002 et qui démontrent l’invalidité d’un tel vote, ni de mes références historiques qui démontrent que le nom Saguenay est vraiment inapproprié pour désigner cette ville alors que le nom Chicoutimi est la «marque de commerce par excellence» étant un nom distinctif, significatif et porteur de notre mémoire collective.
Cette requête me réjouie, car comme l’écrit Madame Tremblay c’est une question de logique. Il faut savoir que dans un tel cas l’esprit de clocher et les rivalités intervilles ne devraient en aucun moment influencer et que seul l’intérêt collectif doit être considéré. Bien que pas née a Chicoutimi je n’ai jamais compris un choix aussi absurde.
Je n’ai jamais compris pourquoi le nom de Chicoutimi n’a pas été retenu. Saguenay n’est pas une ville mais une région. Je n’ai jamais vu un nom aussi stupide que ville Saguenay. Mais avec la guerre des clochers qui divise la région jamais Jonquière qui sont rongés par la jalousie de Chicoutimi aurait voté pour ce dit nom. Avec la nouvelle mairesse Dufour ce n’est pas prêt de s’arranger car c’est évident qu’elle prend pour Jonquière. Je n’ai absolument pas confiance en elle. Pour moi CHICOUTIMI sera toujours CHICOUTIMI la plus belle ville du Saguenay-Lac-Jean.
Bien dit Mme Tremblay
Et M.Pelletier c’est très intéressant votre texte , ça nous permet une bonne réflexion!
Vous avez tout a fait raison
On a été victime de la complicité (magouille ) de Ghislain Harvey et de Jean Tremblay
Magouille un jour, magouille toujours.
Super! Ne laissez pas tomber. Je suis avec vous.
Faut savoir lire entre les lignes. Julie Dufour est hésitante et M.Pelletier tente de la convaincre: (afin de connaître les raisons de vos hésitations )