J’ai pris connaissance de l’étude de la firme comptable Raymond Chabot Grant Thorton, RCGT « Perspectives d’investissements et opportunités: portrait régional du Saguenay–Lac-Saint-Jean » publié ce novembre 2024. Une étude qui nous présente le profil économique de la région sur 20 diapositives, donc de façon très succincte. Mais ce sont des professionnels crédibles qui ont eu l’honnêteté de nous avertir qu’il n’y a, au moment de l’étude, que 25 % des projets qui sont « assurés », 66% sont « potentiels » et 9 % sont « incertains ». De plus on nous signale que la majorité de ces investissements se réalisera ou plutôt se réaliserait de 2027 à 2029.
Que penser de tout cela si on tient compte du passé pour garantir l’avenir? Au cours des trois dernières années, incluant 2024, les investissements annuels moyens au Saguenay-Lac-St-Jean ont été de 1,6 G$, soit l’équivalent de 17,6 G$ sur 11 ans, donc plus qu’à 0,9 G$ des prévisions de RCGT. L’histoire nous apprend qu’au cours des dernières années la liste des investissements « potentiels » qui ne se sont pas ou pas encore réalisés est impressionnante en termes de G$. Pensons à Arianne Phosphate, First Phosphate, GNL, Black Rock, Agrandissement de Niobec, Ferroatlantica, Cobalt Aircraft, usine de batteries, Agrométhane ainsi que les projets retardés de Rio Tinto et de l’autoroute Alma-La Baie. Certains de ces projets sont certainement encore « actifs ».
Il y a normalement un étalement entre le démarrage officiel d’un projet d’investissement, l’ouverture du chantier, le pic au niveau main- d’œuvre et la fin du projet. Des projets de cette envergure peuvent prendre quelques années. RCGT en a-t-elle tenu compte dans ses prévisions annuelles?
La courbe de la « carotte »
« Il peut être motivant de courir après la carotte mais il y a une limite. »
Le tableau que je vous présente est la courbe obtenue en utilisant les données d’un tableau, à la page 14, de l’étude de RCGT.
Une courbe classique – Au fur et à mesure que le temps passe certains projets ne se sont pas concrétisés, d’autres sont retardés et d’autres s’ajoutent. Nous sommes dans un marché où le nombre de projets d’investissements est très limité et un seul abandon ou retard change radicalement la donne. Bien sûr, il faut être optimistes mais aussi lucides. Les entreprises manufacturières, de services professionnels ou de constructions connaissent très bien ce phénomène. Dans quelques entreprises où j’ai œuvré, les ventes et le marketing analysaient le marché et, pour chaque projet « potentiel », on déterminait le % de probabilité que le projet se réalise, dans quelle année et quelles étaient nos chances d’obtenir le contrat en tenant également compte de la concurrence, du contexte politique et des taux de change. À multiplier les probabilités, les prévisions baissaient rapidement.
Certaines entreprises refusent même de soumissionner lorsque leur carnet de commandes est plein et dans certains cas, c’est le client qui estime que nous ne pouvons livrer à temps. Comme ce pourrait être le cas pour Hydro-Québec qui pourrait décider, par exemple, à la lumière de l’analyse de RCGT qui souligne un besoin de main-d’œuvre trois fois supérieur à la main-d’œuvre disponible dans la région de 2027 à 2029, de reporter ses projets d’éoliennes ou de les réaliser dans une autre région.
Donc, prudence, prudence et encore prudence.
Très bon article.
Rien de plus accrocheur que la promesse d’un avenir meilleur. Même si c’est aussi incertain que de promettre une vie après la mort.
Merci pour l’info C’est tres utile.