Voici un texte de la plume de M. Gilles Bergeron, économiste, et que je reproduis avec sa permission (il a été publié ce matin dans Le Quotidien). Pas tout seul à avoir cette opinion!

Gilles Bergeron

« Le budget 2024 de Saguenay  se caractérise par des changements très importants avec un déficit d’information sur leur pertinence et conséquence pour les budgets futurs. C’est le budget d’une ville qui change rapidement de direction, sans savoir où elle va. Le vote avec une canne blanche n’est plus une option valide.

Les principaux changements sont une augmentation très rapide des dépenses de fonctionnement ( 11,7%, 40 millions$), plus particulièrement des dépenses de salaires, de réorganisation et modernisation administrative (19,5 millions$) sans analyse  des impacts sur les améliorations des services et  sur l’augmentation des dépenses futures; une augmentation  importante des dépenses pour les frais d’intérêt et le remboursement de la dette (8,4 millions$,  42% des revenus de l’augmentation des taxes)  dont les augmentations vont se poursuivre pour les prochaines années, mais dont l’ampleur n’est pas calculée;  un changement radical dans le rythme d’ augmentation des dépenses d’investissement (100%, 70 million$), une réponse certes à des besoins croissants, mais  un rythme d’augmentation insoutenable compte tenu des impacts sur l’augmentation des dépenses de fonctionnement et l’augmentation de la dette; une augmentation des revenus largement dépendante des augmentations des taxes des contribuables dont les limites sont atteintes (20,7 millions$; 5,78% en 2024, 11,5% sur deux ans, 1,27$ par 100$ d’évaluation pour la taxe résidentielle).

Deux améliorations sont nécessaires pour permettre aux citoyens de mieux comprendre l’évolution de la situation financière de leur ville et aux élus  pour obtenir les informations nécessaires pour des choix cohérents et éclairés dans les budgets futurs : le retour au vote en même temps du budget de fonctionnement et du plan triennal et un cadre financier sur 5 ans préparé par un expert indépendant ou le Vérificateur général de la Ville. Les conseillers qui souhaitent  obtenir l’information nécessaire pour prendre des décisions éclairées devraient proposer et appuyer ces deux mesures.

Le vote conjoint du budget de fonctionnement et du plan triennal

Un retour au vote en même temps du plan triennal et du budget de fonctionnement est nécessaire pour définir une trajectoire d’augmentation des dépenses qui respecte la capacité de payer des contribuables. C’est pour éviter de faire face à ce problème que la Mairesse Julie Dufour et le Président de la commission des finances Michel Potvin ont fait voter séparément ces deux budgets pour la première fois en 2024. Le prétexte de diminuer les couts et  d’accélérer la réalisation des projets d’investissement est un écran de fumée pour justifier cette fuite en avant. Saguenay doit revenir à une pratique de saine gestion qui est observée dans toutes les villes du Québec.

Le vote conjoint des deux budgets est nécessaire compte tenu que ce sont les mêmes citoyens qui doivent payer pour les dépenses et qu’il y a des liens étroits entre les deux budgets. L’augmentation des dépenses d’immobilisation a un impact direct sur  l’augmentation de la dette et par conséquent sur l’augmentation des dépenses de fonctionnement par l’intermédiaire du remboursement de la dette et des charges d’intérêt et l’augmentation des dépenses de fonctionnement a un impact direct sur l’augmentation de la dette et la capacité d’investir pour le futur. Le vote séparé des deux budgets ne permet pas aux élus qui votent les budgets de tenir compte de ces interrelations.

Un cadre financier pour une période de 5 ans

La situation financière de Saguenay est fragile et les faits saillants du budget 2024 nous indiquent que  rythme d’augmentation des dépenses de fonctionnement et des dépenses d’investissement est incompatible avec le rythme d’augmentation des revenus et de la capacité de payer des contribuables.

 Des  choix difficiles seront nécessaires pour trouver un nouvel équilibre soutenable dans les budgets des prochaines années. Les besoins sont plus grands que les capacités de payer. Il y a des retards importants dans les investissements pour le maintien des actifs et pour répondre à de nouveaux besoins; le rythme d’augmentation des revenus est faible et  repose principalement sur l’augmentation des taxes des contribuables; les taux de taxation sont parmi les plus importants des villes du Québec; la dette est plus élevée  et elle augmente plus rapidement que dans les  autres villes.

Pour  guider les élus dans le choix des priorités et aider les contribuables à comprendre ces choix, un cadre d’information approprié est nécessaire : un cadre financier sur 5 ans préparé par un expert indépendant ou le vérificateur général de la ville.

Ce cadre financier devra présenter une évaluation de la situation financière de la ville et divers  scénarios  pour  une évolution des dépenses, des revenus et de la dette  compatible avec un équilibre financier à long terme. Il servira de cadre de référence  pour mieux comprendre les défis budgétaires de Saguenay et ouvrir la réflexion sur un plan d’action cohérent et crédible pour les relever.

Comme le disait Sénèque : « Il n’est pas de vent favorable pour une ville qui ne sait pas où elle va. » »

 

 

 

4 réponses pour “La situation financière de Ville de Saguenay, une réflexion à poursuivre.”

  • Il faudrait que les contribuables soient plus informés de cette mauvaise situation financière de ville de Saguenay et des conséquences que cela peut apporter. Une chose est sûre, cela va pendre un sérieux redressement.

  • Félicitations à vous deux Jacques et Gilles, c’est pourtant si simple à comprendre. Nos dépenses ne doivent pas dépasser les revenus. Des coupures chirurgicales sont nécessaires pour rétablir l’équilibre. Personne de cette administration n’a le courage politique de le faire, on ne pense qu’à sa réélection.

  • Nos élus savent très bien dans quelle situation financière se trouve ville de Saguenay, c’est un foutisme de leur part et la seule chose qui les intéresse à les voir aller, c’est d’avoir un généreux fond de pension après leur mandat.

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