Vous savez ce qu’il en coûte pour obtenir de l’information concernant les tendances du marché?
Je vous donne un exemple : Morder Intelligence vous permet « d’acquérir une meilleure compréhension des marchés mondiaux » en autant que vous vous abonniez pour avoir accès à ses rapports, ce qui est tout à fait compréhensible, mais à des prix qui sont inaccessibles à des particuliers ou à des petites entreprises. En effet il en coûte 4 750 US$ pour avoir une licence d’utilisateur unique et 8 750 US$ pour une licence d’entreprise. Vous comprenez pourquoi il est important de créer un observatoire régional ou québécois de l’aluminium qui aura les budgets nécessaires pour s’abonner à ce type d’entreprise. On le réclame depuis plusieurs années mais rien n’aboutit probablement en raison des pressions politiques de l’industrie de l’aluminium qui préfère garder pour elle l’accès à l’information.
Malgré tout Morder, qui a publié récemment un rapport sur les prévisions de croissances , nous révèle certaines données gratuitement tel un taux de croissance annuel composé (TCAC) de 3,5 % sur une période de 5 ans ou 18,8 % après 5 ans. Pour fins de comparaison les prévisions pour l’acier ne sont pas aussi optimistes, soit 2 % d’ici 2030.
Or, comme la production annuelle actuelle (2021) d’aluminium primaire est estimée entre 69 et 78 millions de tonnes métrique (MTM) selon les sources d’information, on prévoit donc une hausse d’environ 13 MTM soit l’équivalent de 32 nouvelles usines qui produisent 400 000 Tonnes métriques annuellement.
Évidemment ce constat apparaît un peu simpliste. Le manque d’information ne nous permet pas d’évaluer l’impact des fermetures de vieilles usines ou celui du recyclage qui est estimé à déjà 75 % actuellement selon Norsk Hydro ni celui de l’augmentation de productivité dans les usines existantes. Quoi qu’il en soit, l’augmentation prévue est tellement importante qu’on ne comprend pas pourquoi la région du bassin hydrographique du Saguenay n’entend parler d’aucun investissement significatif pour augmenter d’au moins 500 000 TM sa capacité actuelle de 1 200 000 TM (1,5 % de la production mondiale) alors que nous avons l’énergie disponible. Rappelons que l’augmentation de la capacité mondiale d’aluminium a été presqu’exclusivement concentrée depuis près de 20 ans en Chine, pays à risque, entre autres, en ce qui concerne la chaîne d’approvisionnement. Les retombées annuelles sont impressionnantes si on se fie à un rapport traitant des effets d’entraînement de l’industrie norvégienne de l’aluminium (un rapport de Social economic analysis en collaboration avec Boldt Partners). Et ce, bien que les alumineries de Norsk Hydro, en Norvège, soient plus que vieillissantes, aucune nouvelle usine depuis 1971 ( photo ci-contre). Sommes-nous condamnés au même sort?
Avons-nous vraiment le bon partenaire avec Rio Tinto? A-t-on raison de nous fier uniquement au lobby de cette industrie? On nous fait miroiter de l’aluminium vert qui sera plutôt produit ailleurs si jamais la technologie Elysis vient à fonctionner même si c’est le gouvernement du Québec qui paie pour en compléter le développement. Certaines de nos usines commencent à prendre de l’âge et il ne serait pas surprenant si l’une d’entre elles (La Baie ou Laterrière) se révèle déclassée d’ici quelques années.
Il est incompréhensible que le gouvernement du Québec et nos élus régionaux ne réalisent pas que cette industrie a des retombées secondaires plus importantes encore que les retombées directes. Oui notre économie doit se diversifier mais un grand pan de celle-ci dépend de la présence de cette industrie qui a permis à plusieurs entreprises de consolider leur expertise exportable au niveau national et international. Il vaut mieux ajouter des cordes à notre arc plutôt que de la remplacer sachant très bien que la demande va persister.
Voir aussi :
La Vallée de l’Aluminium, une nouvelle Vallée des Rois? – Jacques Pelletier
L’industrie de l’aluminium au Saguenay est en péril – Jacques Pelletier
Également, je tiens à souligner par rapport à cette excellente synthèse, que plusieurs recherches sont en cours en vue de commercialiser la batterie électrique du type graphite-aluminium pour le marché des véhicules électriques en pleine expansion.
L’aluminium est un métal vert ayant un grand avenir…