Ce doit être la devise des négociateurs syndicaux dans la fonction publique, et particulièrement dans le domaine municipal. Nous l’avions déjà constaté à la fin de 2021 (« Les policiers de Saguenay sont-ils trop payés? » dans le cas des policiers. Pour en avoir le cœur net, voici l’analyse de la convention collective des cols bleus de la Ville de Saguenay. Avez-vous remarqué que les médias d’informations ne se contentent que de rapporter s’il y a entente entre les parties ou si une grève est inévitable. Ce fut le cas d’une menace de grève pour le 17 février 2022 que les cols blancs n’ont toutefois pas mis en exécution. Quelques jours plus tard, le 24 février, on apprenait qu’ils signaient une entente de principe. Ne vous méprenez pas, les syndicats représentent les travailleurs et ont le mandat de leur procurer les meilleures conditions de travail possibles. Pour ce faire, les règles sont bien établies. Si l’employeur n’est pas en mesure ou ne veut pas consentir aux demandes syndicales, il n’a qu’à refuser. C’est à ce moment que la grève syndicale ou patronale entre en jeu. Il est très rare que ces événements surviennent dans cette ville. Donc bravo aux syndicats et aux élus qui réussissent ce tour de force. Mais à quel prix pour le citoyen?
Vous voulez en savoir davantage? Vous voulez savoir combien les cols bleus gagnent de l’heure, quels sont leurs primes, quels taux sont applicables pour le temps supplémentaire ou combien ont-ils de semaines de vacances pour se reposer, je vous invite à lire ce qui suit. Les conventions collectives ont plus d’une centaine de pages sans compter les annexes. La matière est importante et il est impossible de traiter tous les sujets dans une chronique qui vous semblera déjà trop chargée.
Puisque tout est relatif, je me dois de comparer la convention[1] de Saguenay à celles de Sherbrooke, Lévis et Trois-Rivières (les villes cibles), auxquelles j’ai ajouté celles d’une PME régionale, Charpol, et d’une entreprise manufacturière nationale, Manac. J’ai toutefois renoncé à utiliser les conventions collectives de Rio Tinto qui sont dans une classe vraiment à part. L’année de référence est la même pour toutes, soit les conditions de travail à la fin de 2023.
Ne vous attendez pas à des tableaux détaillés. Les ententes sont tellement différentes d’une ville à l’autre qu’on ne peut que tirer des tendances à partir des données similaires. Les classes d’occupation ainsi que la progression salariale diffèrent d’une ville à l’autre. On ne peut donc comparer que le premier et le dernier échelon d’un même métier. Il en est de même pour les vacances : chaque ville a une progression des jours de vacances qui lui est propre.
Les Salaires
Voici un tableau des emplois de référence qui ont été retenus pour fins de comparaison[2]. Naturellement les emplois qu’on peut comparer aux entreprises manufacturières se limitent au journalier, peintre, électricien et mécanicien. Dans cette ville du Haut-Saguenay il existe plus de 100 emplois regroupés dans 10 classes. Plus de 70% des employés se retrouvent dans les classes 5 à 8. « Le salarié en période probatoire reçoit soixante-quinze pour cent (75%) du taux de salaire de la classe d’emploi ». Ceci correspond à sa 1ière année, donc au 1er échelon. Cette progression se poursuit pendant quatre ans pour atteindre le dernier échelon. Le système est différent dans d’autres villes où le nombre d’années varie selon les types d’emplois.
Règle générale, on observe que les taux horaires à la Ville de Saguenay, par rapport aux villes cibles, sont supérieurs en moyenne de 2,8 % pour le plus bas échelon et de 5,4 % pour le haut de l’échelle salariale. L’écart est de plus de 25% comparé à Charlpol et Manac.
Ceci prouve encore une fois que les salaires, au municipal, sont plus élevés que ceux des entreprises privées et que Saguenay, au municipal, est la championne dans sa catégorie.
Les vacances
Dans toute entreprise le nombre de semaines de vacances augmente avec l’ancienneté. Les négociateurs syndicaux n’obtiennent pourtant pas toutes les mêmes conditions. Considérons un employé qui travaille 40 ans pour sa ville ou son entreprise. L’employé de Saguenay obtiendra sa 7e semaine de vacances, oui vous avez bien lu, à sa 29e année de services, celui de Sherbrooke ou de Lévis à sa 31e. Quant à celui de Trois-Rivières il plafonnera à 6 semaine à sa 25e année de service. L’employé de Manac ou de Charlpol sera moins chanceux car le maximum de semaines qui lui est alloué ne dépasse pas 5 semaines. Au bout de 40 ans, l’employé de Saguenay aura accumulé de 2,5% à 8,5% plus de semaines que ceux des villes cibles et de 25% à 31 % de plus que ceux des entreprises citées.
Saguenay est, encore là, la plus généreuse.
Le temps supplémentaire
Voici un extrait de l’article 18.1 de la convention :
« Tout travail requis par l’Employeur en dehors de l’horaire normal ou de la semaine normale de travail d’un salarié est considéré comme du temps supplémentaire. Le salarié qui l’exécute est rémunéré de la façon suivante:
- a) au taux et demi (150%);
- b) au taux double (200%) lors de la journée de congé hebdomadaire précédant la semaine régulière de travail; ……
- c) au taux double (200%) lors des jours fériés, chômés et payés (article 21), en plus du paiement de la journée de congé. »
Vous avez bien lu, à l’article c, l’employé reçoit 300 % de son taux horaire.
Seule la Ville de Trois-Rivières est aussi généreuse.
Les entreprises privées n’ont pas ce genre de clauses. Le taux ne dépasse généralement pas 150%.
Espérons qu’un tel taux de 300% n’a pour but que de décourager l’employeur à agir de la sorte et qu’effectivement la Ville de Saguenay ne fait pas travailler un employé en temps supplémentaire lors d’un jour férié, chômé et payé.
Les primes de soir et de nuit
Prime de soir – Alors que les entreprises privées accordent une prime de 1,00 $ l’heure pour travailler le soir (4h00 à minuit), les villes se permettent d’accorder de 1,45 $ à 1,59 $. Saguenay se situe à 1,49$.
Encore un avantage de 50% en faveur des employés municipaux.
Prime de nuit – Très peu de travailleurs d’entreprises privées dans le domaine manufacturier travaillent la nuit. En ce qui concerne nos quatre municipalités, on retrouve Saguenay en tête de liste avec une prime de 1,79 $, Sherbrooke à 1,75 $, Lévis à 1,59 $ et Trois-Rivières à 1,50 $.
Congés sociaux
La liste des jours de congés sociaux payés par l’employeur est très longue, que ce soit pour les mariages, les décès, les naissances ou les adoptions. Le tableau ci-dessous vous permettra d’en juger. Dans certains cas les employeurs s’en remettent aux exigences des Normes du Travail. Cette liste n’est pas exhaustive.
Dans ce cas, la Ville de Saguenay ne se démarque pas des autres employeurs. La loi sur les normes du travail doit avoir tendance à uniformiser ces congés.
Conclusions
Comment cet écart entre le public et le privé s’est-il créé? Est-ce le rapport de force qui en est la cause? Qu’est-ce qui amène les représentants de l’employeur au sein du conseil municipal à céder si facilement devant les demandes syndicales? Est-ce pour éviter une rupture de services à la population ou est-ce pour éviter tout simplement le trouble puisqu’ils ne sont pas les propriétaires?
On constate très bien que ce ne peut être pour éviter de perdre leurs employés au profit des entreprises. Peut-être au profit de Rio Tinto? Possible, mais cette entreprise n’a pas besoin de nouvelle main-d’œuvre sur une base régulière et, qui plus est, le travail est plus exigeant dans une aluminerie que dans une municipalité. Connaissant la mentalité de Rio Tinto on ne doit pas être surpris de constater que les critères d’embauche et de rendement soient plus exigeants.
Ce constat est en ligne avec celui du chroniqueur Michel Girard du Journal de Montréal et de Québec daté du 2 décembre 2022 dont voici deux extraits:
« PAUVRES CITOYENS !
« Au plan salarial, ces employés municipaux gagnent 25,7 % de plus que les fonctionnaires québécois occupant des postes similaires. Et quand on inclut les avantages sociaux, la rémunération globale des salariés municipaux dépasse de 34,6 % celle des employés de l’État québécois. »
…
Avouons que la « domination » des municipalités en matière de rémunération m’apparaît difficilement justifiable. D’autant plus qu’en comparant des pommes avec des pommes, l’ISQ nous fait prendre conscience que les employés municipaux gagnent nettement plus que l’ensemble des citoyens qu’ils desservent. Méchant fardeau pour les citoyens quand on sait que la masse salariale au niveau municipal représente de 35 à 39 % des dépenses municipales. »
La masse salariale dans notre ville est de 150 M$ sur un budget de 409 M$ en 2022 soit 37,7 % des dépenses municipales. En plein dans le mille!
Cela donne à réfléchir.
[1] Toutes les données proviennent des conventions collectives regroupées dans Corail le site du ministère du Travail CORAIL – Bienvenue (gouv.qc.ca)
[2] Dans le cas de monteur de ligne on ne peut comparer qu’avec Sherbrooke qui a aussi un réseau électrique.
Le plus gros problème que ville de Saguenay a actuellement, elle a une croissance économique presque nulle, cela équivaut à 0,7 pour cent d’augmentation par année, même pas 3 millions de revenus supplémentaires par année, ville de Saguenay va être confrontée soit de diminuer les services ou d’augmenter considérablement les taxes pour faire face à ces obligations, elle ne pourra pas éternellement mettre sur la carte de crédit pour se renflouer comme l’administration a fait depuis les fusions et cela continue de plus belle avec cette administration, on ne vas pas dans le mur, on est actuellement dans le mur au niveau des finances.
Ville de Saguenay a le taux de taxation industrielle le plus haut, pour attirer des projets d’entreprises, il faut que les taxes industrielles soit compétitives sinon il peuvent aller dans des municipalités ou le taux de taxation est plus bas, même au niveau de la réglementation, Ville de Saguenay a beaucoup trop de bureaucrates pour qu’une entreprise veuille s’installer, va aimer mieux aller dans des municipalités ou il vont dérouler comme on dit le tapis rouge pour qu’il puisse faire leur projet, même les entreprises qui sont actuellement en place ont de la difficulté à faire leur projet. En plus, on a une mairesse qui se chicane avec le provincial et les conseillers se chicanent entre eux, en gros, il a beaucoup trop de monde à Ville de Saguenay et qui ont le temps de se chicaner.