Ce lundi, le 6 décembre 2021, Mme la mairesse Julie Dufour annonçait la nomination de Mme Nemey à titre de directrice générale, (DG), de Promotion Saguenay, (PS), et ce nous dit-on dans le but d’assurer la bonne continuité des opérations. Au moment d’écrire ces lignes, cet organisme est en attente des orientations des élus quant au développement économique de cette ville. Il aurait été préférable que les élus fassent un examen approfondi de ce qui ne va pas à PS avant de confirmer des nominations. Mais il est évident qu’on ne peut laisser un tel organisme sans dirigeant considérant le départ de l’ancien DG. Il est à espérer que l’année 2022 ne sera qu’une année de transition. Pourquoi?
À la lumière de certains indicateurs de performance économique[1], on est en droit de s’interroger sur le modèle organisationnel de PS.
- Dans le domaine de la production de biens, soit le domaine industriel, l’évolution du produit intérieur brut, PIB, en dollar constant, est en décroissance depuis au moins 2007, la pire performance parmi les villes comparables.
- Dans l’hébergement et la restauration[2] principaux bénéficiaires du tourisme, l’augmentation du PIB de la région métropolitaine de recensement de Saguenay, RMR, est de 41% alors que celle de Sherbrooke marque 61% et celle de Trois-Rivières se situe à 52%. Un résultat tout de même plus intéressant que celui de la production de biens mais décevant si on considère les dizaines de M$ pour les investissements et l’opération des croisières internationales.
- Il en est de même pour la richesse foncière uniformisée, RFU, dans le domaine industriel et commercial qui s’est accrue d’un petit 3%, de 2007 à 2020, alors qu’on constate une augmentation de 74% à Trois-Rivières, de 98% à Sherbrooke et tenez-vous bien de 168% à Lévis.
- Exception faite de Shawinigan, Saguenay est la seule ville de plus de 30 000 habitants dont la population a baissé depuis 2001. Entre autres, Sherbrooke, Lévis et Trois-Rivières ont vu leur population augmenter respectivement de 20,8%, 20,4% et 12,6%.
- Si on se fie au dernier rapport financier, soit le budget 2019, déposé sur le site Web de la Ville, en voici ci-dessous les résultats à titre d’opérateur des navires et navettes maritimes de même que de l’Aéroport de Bagotville. Ce déficit de 2 M$ ne dit pas tout. La dépréciation, les intérêts sur les emprunts et certains frais généraux tels la comptabilité, le support des directions communications et marketing de même que de la direction du tourisme et de l’Aéroport ne semblent pas inclus dans ces données. De plus, l’entente entre Port Saguenay et PS relativement aux revenus et dépenses reliés aux activités des navires ne permet pas de comprendre comment Port Saguenay recueille d’argent pour les passagers et les navires et comment PS paie pour l’entretien du quai et les opérations de remorquage des navires par Port Saguenay. On semble faire du compte à compte, ce qui est illégal pour les commerçants.
- En se basant sur les rapports financiers de 2019[3], est-ce que la Ville dépense suffisamment pour le développement économique? Jugez par vous-mêmes de quoi ont l’air les résultats lorsqu’ils sont consolidés avec les autres charges de la Ville.
Saguenay se situe dans la moyenne. C’est donc la façon dont le montant est dépensé qui semble poser un problème. Des villes comme Sherbrooke laissent à d’autres organismes municipaux le soin de gérer, entre autres, l’Aéroport. Remarque : il est vraiment bizarre de constater un montant de seulement 669 721 $ au poste « Tourisme » alors que PS en dépense des M$.
Ce constat est suffisant pour justifier une révision en profondeur de la mission, de l’organisation, du contrôle des dépenses et des objectifs de l’administration municipale en ce qui concerne le développement économique de cette municipalité. Cette révision doit nécessairement se faire avec l’aide d’un consultant indépendant dont la mission ne sera pas seulement d’appuyer la solution préconçue des élus.
[1] Dans cette chronique je reprends certains éléments de ma chronique du 23 avril dernier :
Promotion Saguenay et le développement économique – Jacques Pelletier
[2] Produit intérieur brut aux prix de base par industrie, régions administratives, régions métropolitaines de recensement, Québec (quebec.ca)
[3] Rapport financier consolidé, Analyse des charges consolidées (suite), exercice terminé le 31 décembre 2019, Promotion et développement économique, lignes 48 et 49 page 22-2.