Auteure de La déesse des mouches à feu, le Devoir nous la fait connaître lors de ses voyages à Chicoutimi. Ce nom a la vie dure. Ce peut-il qu’il soit inspirant? Voici ce qu’en dit Mme Pettersen.

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Je me permets de le reproduire ci-dessous

Hommage à Chicoutimi et à Geneviève Pettersen

Photo: Godefroy Mosry, Montage : Marin Blanc, Melissa Maya Falkenberg, Collaboratrice, Le Devoir

J’avale beaucoup de kilomètres pour des raisons personnelles et professionnelles cet été. Parfois, les enfants sont avec moi, dont un de cinq ans qui ne saisit pas encore la notion de distance. Il y a un point A et un point B ; le reste n’est qu’un flou rempli de McDo et de Tim.

— Est-ce qu’on est encore à l’île d’Orléans, maman ?

— Ben non ! Ça fait deux heures qu’on a traversé le pont de l’Île. Quand on traverse le pont, on sort de l’île !

— OK alors… on est à Montréal ?

— Non, on n’a pas encore traversé le pont Jacques-Cartier !

— Mais là, c’est Laval ? ! (Il voit des concessionnaires sur le bord de l’autoroute.) Ça ressemble beaucoup à quand on va chez mamie…

— Non, d’ici, Laval, c’est APRÈS Montréal. Et des concessionnaires, mon trésor, il y en a dans plein de villes que tu ne connais pas… Je t’expliquerai ça avec une carte !

Parce qu’il faut souvent des points de rencontre et une ligne claire entre les deux pour comprendre. Encore mieux : un contact humain.

Chicoutimi, je l’avais d’abord vue sur une carte dans un cours de géographie. Un nom unique qu’on mémorise sans s’en rendre compte. Mais il aura fallu une crise du passeport pour que je m’y rende pour la première fois, des décennies plus tard. Absurde, je sais, mais c’était ça la solution pour avoir les passeports à temps : aller là où on pouvait nous donner une heure de rendez-vous officiel.

Ah pis tant qu’à faire l’aller-retour Montréal-Chicoutimi (qui n’était pas moins long que l’attente en file à côté de la maison), on en avait profité pour monter les majestueux monts Valin puis se faire du barbecue sur le bord de la rivière Saguenay à notre charmant motel, Le Panoramique, vestige des années 1950. « Voyons, on est don’ ben BIEN icitte ! » On aurait passé une semaine dans ce paisible lieu à lire, à observer le courant et à prendre tous nos déjeuners au traditionnel Café Mont-Royal, où l’on sert les meilleures bines du Saguenay–Lac-Saint-Jean.

Bref, on savait où on allait se loger, la semaine passée, pendant le festival de musique La Noce.

Mais cette fois, quelque chose a été différent. Nous avions un lieu de fête, nous nous sommes promenés. Et j’ai eu des impressions de déjà-vu si fortes qu’elles m’habitent encore.

— Mon amour, j’ai vu Chicoutimi avant la péripétie des passeports.

— Ah oui ?

— La déesse des mouches à feu, de Geneviève Pettersen. Je te jure, là : l’ambiance, les lieux, toutes ces impressions de déjà-vu… C’est capoté raide. Je ne crois pas qu’elles soient causées surtout par le visuel du film, mais par le livre.

Même les gens, je vous jure.

— Tsé, les jeunes qui traversaient le boulevard, là, quand on est arrivés ?

— Oui, ceux qui s’en allaient à La Noce comme nous…

— Non, ils étaient dans le livre !

S’est ensuivie une conversation sur les jeunes adultes qui s’habillent comme dans les années où ils sont nés, même s’ils n’ont rien connu de l’époque. Exemple : les 20 ans d’aujourd’hui qui s’habillent comme au peak de Nirvana, blablabla.

— M’en fous. Ils étaient dans le livre pareil !

Un livre lu il y a presque 10 ans maintenant et je m’en souviens comme si c’était hier : un vrai page-turner ; je tournais les pages aussi rapidement que l’envie qui revenait au personnage de faire un autre chapitre de mess.

Et sans me rendre compte, je visitais alors aussi Chicoutimi, pourtant sans point de rencontre, sans passeport à aller chercher, sans déambulage.

Le pouvoir des mots, hein ?

Parfois plus grand même que le contact humain.

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