Cent seize engagements répartis dans six catégories et quelque 25 sous-catégories, voilà ce que nous présente l’ERD. Les membres de l’ERD ont fait un excellent travail pour identifier les améliorations qu’ils désirent qu’on apporte à cette ville tant au niveau du développement qu’au niveau culturel ou environnemental. On observe, à la lumière d’une lecture attentive, que la grande majorité de ces engagements pourrait s’appliquer à n’importe laquelle ville désireuse d’améliorer la qualité de vie de ses citoyens.  

Mais touche-t-on aux éléments principaux, ceux qui demandent, pour leur mise en oeuvre, des décisions et des gestes courageux, ceux qui pourraient vraiment nous amener vers une ville viable et rentable?

Permettez-moi d’en douter. 

Oui, on veut « Faire pression sur les gouvernements provincial et fédéral pour le transfert d’emplois de la fonction publique dans la Ville de Saguenay, » alors qu’il aurait fallu réclamer haut et fort le transfert d’un ministère.

 Oui on veut « déterminer une vocation à chacun des centres-villes pour les dynamiser davantage et les rendre plus attractifs, en impliquant les artistes et artisans » alors qu’il aurait fallu reprendre le processus de révision du schéma d’aménagement urbain qui n’est actuellement qu’une réplique de celui de 2002. Se retrouver en 2021 avec encore trois centres-villes, quatre bureaux touristiques, une multitude de zones industrielles, un surplus énorme de terrains résidentiels disponibles, en est la preuve.

Oui on veut « organiser un chantier sur l’avenir du transport en commun à Saguenay, à la suite du dépôt des résultats de l’enquête de la vérificatrice générale sur la STS » et c’est probablement le geste le plus courageux qu’on retrouve dans ce programme en autant qu’on confie le mandat à une firme indépendante spécialisée dans ce domaine.

Oui on veut « orienter le travail de Promotion Saguenay vers des secteurs d’activités émergents et, évidemment, soutenir l’économie traditionnelle de l’aluminium et du bois » alors que c’est toute l’organisation de PS qui aurait dû être remise en question dont sa division en trois organismes – commercial, industriel et touristique- et l’élimination de la gestion de l’aéroport de Bagotville et celle des croisières.

On nous dit que « parce que les membres réfléchissent en équipe, l’ERD est en mesure de proposer une vision unifiée de Saguenay ». C’est certain que, lorsqu’on s’en tient à des engagements secondaires, il est plus facile d’avoir consensus entre les arrondissements. 

Or, actuellement la ville, et nous ses citoyens, sommes dans la dèche. En plus des points soulevés précédemment:

  • Nous n’avons pas assez d’investissements dans toutes les catégories- résidentielle, commerciale et industrielle- pour satisfaire nos besoins minimaux en matière d’infrastructures routières, de développement du transport en commun, du logement social, des activités de loisirs, culturelles, sportives et environnementales.
  • Nous avons une ville surdimensionnée, ce qui est en partie une des causes de nos problèmes;
  • Nous avons un plan d’aménagement qui est un clone de ce qui existait avant la fusion. Aucune réflexion en profondeur sur les affectations du territoire.
  • Nous concevons un plan triennal d’investissement qui est à peu près le plus vague de tous les plans des grandes villes au Québec.
  • Nos frais de financement (excluant le réseau électrique) sont les plus élevés par habitant (127 $) par rapport à ceux de trois villes comparables soit Sherbrooke (83 $), Lévis (101 $) et Trois rivières (92 $). Autant d’argent non disponible.
  • On met la charrue devant les bœufs en voulant investir pour « développer les infrastructures et amener les services d’utilité publique sur la zone industrialo- portuaire adjacente au port de Grande-Anse, pour y accueillir des projets de développement industriel ». On n’apprend pas de nos erreurs d’avoir investi dans une desserte ferroviaire au moins 10 ans trop tôt, sans avoir le moindre projet réaliste d’investissement privé. Un projet industriel d’envergure prend plus de temps à se réaliser que d’installer les services d’utilité publique
  • On parle de démocratie participative mais on pèche par aveuglement sur ce qui s’est produit lors de la fusion en 2002 et qui n’est pas encore corrigé : le nom de la ville choisi lors d’une consultation publique non valide et une distribution de districts illégitime. On oblige la ligne de parti lorsqu’il s’agit de prendre position sur une requête provenant pourtant de plus de 600 citoyens qui demandent une commission indépendante pour réfléchir à nouveau sur le nom de la ville.
  • Nous avons toutes les chances de croire que Rio Tinto n’investira pas dans de nouvelles alumineries mais on se contente de déclarations telles :

        « Travailler avec la table régionale de concertation sur l’aluminium à : générer des investissements et le      développement des nouvelles technologies (dont Elysis) au Saguenay-Lac-Saint-Jean et créer un observatoire sur l’aluminium. » Ces interventions ne sont pas mauvaises, surtout l’observatoire, mais bien insuffisantes.

  • Que dire de La loi sur la fiscalité municipale qui permet à Rio Tinto d’épargner annuellement des millions de $ en taxes municipales (nous reviendrons sur ce point prochainement), ou de l’énergie électrique qu’elle produit et qui ne servira plus à produire de l’aluminium et enfin, des dizaines de millions de $ annuellement que le provincial reçoit de Rio Tinto pour le fonds des générations et dont la région ne peut profiter.

         Comment Rio Tinto peut-il développer Elysis et, par la suite, vendre la technologie ailleurs et nous accorder  seulement une petite usine de démonstration.

  • Nous voulons conserver nos créneaux traditionnels tels l’industrie forestière mais, encore là, voici ce qu’on propose : « Soutenir l’industrie forestière en poursuivant nos actions avec l’Alliance forêt  boréale », un organisme politique formé des maires et préfets de la région. On est pour la vertu, sans plus. S’enquiert-on des intentions de Produits Forestiers Résolu quant à ses projets de développement industriel (primaire et secondaire) dans la région? Voilà une autre entreprise qui profite de notre richesse forestière tout en faisant le minimum ici.

En somme aucune énergie ne transcende de ces propositions. On vit des moments pénibles, la stagnation démographique le démontre, et on devrait être en mode réactif, sinon de combat,  pour se sortir de ce marasme.

Donc, en ce qui concerne la bonne gestion de la ville je suis d’accord avec le programme de l’ERD mais en ce qui concerne une bonne gouvernance il y a peu dans ce programme. Naturellement pour une bonne gouvernance ça prend du courage et aller au-delà et même, dans certain cas, à l’encontre de l’opinion publique. Lorsqu’il s’agit de dossiers sensibles, compte tenu de l’esprit de clocher, je comprends qu’un candidat à la mairie ne soit pas enclin à se placer en situation suicidaire. Malheureusement et malgré que je suis un des dix fondateurs de l’ERD, je suis obligé de constater que ces dossiers doivent nécessairement être pilotés par des conseillers municipaux qui n’ont pas à se plier à aucune ligne de parti.

Cette ville sans nom qui lui est propre est mal partie et un sérieux coup de barre est requis immédiatement. Nous avons besoin au conseil municipal d’hommes et de femmes qui sont disponibles et prêts à se retrousser les manches en remettant en question les bases mêmes de cette ville en s’alliant à des compétences reconnues en matières municipales.

Jacques Pelletier – Candidat dans le district 10 – Ville de Saguenay

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