Revenons 100 ans en arrière. Nous sommes entre 1922 et 1928. La Pulperie de Chicoutimi est en pleine activité au cœur d’une ville de près de douze mille habitants. L’usine d’aluminium d’Arvida débute sa construction. Chicoutimi, une ville fourmillant d’activités comme le démontrent ces commerces et institutions de toutes sortes qui lui ont valu, dès 1913, le titre de « Reine du Nord ». Avait-on raison de lui affubler un pareil titre? À vous de juger.

Sa position géographique avait fait de ce lieu, Chicoutimi, le carrefour commercial et culturel des autochtones depuis plus de mille ans. Lorsque les Européens y ont débarqué en 1671 pour y fonder un poste de traite et une mission catholique, ils n’ont fait que perpétuer l’attraction de ce site  qui menait à l’intérieur des terres. Deux scieries s’y installèrent dès 1842 et à la mort de Peter Macleod des dizaines de commerçants s’y installèrent, l’agglomération n’étant plus sous le joug du tandem Price-Macleod avec leur « pitons ».

Dans les années 1920 on retrouve à Chicoutimi :

  • huit institutions financières dont six banques, deux Caisses Populaires et deux maisons de crédits,
  • six hôtels,
  • un hôpital,
  • vingt-quatre institutions religieuses ou d’enseignement dont un évêché, un séminaire, une cathédrale et un orphelinat,
  • un Palais de justice et une prison,
  • un aréna et deux équipes de hockey dont le Club de Hockey Chicoutimi et son gardien Georges Vézina,  une glace de curling, un terrain de tennis, une salle de billard et de quilles, un cinéma,
  • des organismes tels les Chevaliers de Colomb, deux associations syndicales,
  • un quai fédéral, un quai pour la pulperie et pour le traversier entre Chicoutimi et Ste-Anne, une gare et un centre de service ferroviaire, un bureau de poste,
  • les services d’aqueduc, de sécurité incendie et d’égouts partout dans la ville, une centrale hydroélectrique,
  • plus de trois kilomètres de rues bordées à pleine capacité de divers commerces, particulièrement sur la rue Racine, ainsi qu’une partie des rues Price, Jacques-Cartier et Bossé.
  • une trentaine d’entreprises manufacturières,
  • un quotidien, le Progrès du Saguenay
  • trente-cinq entrepreneurs, dix-neuf ingénieurs, neuf médecins, dix notaires, trente-cinq électriciens, dix-huit forgerons, en tout plus de 140 métiers et professions différents,
  • 2 399 adresses civiques.

Y a-t-il actuellement une ville de douze mille habitants qui possède en son sein autant de services?

Cela avait même été prédit cent ans plus tôt, en 1828, par un représentant de la Marine de la Grande Bretagne qui avait la mission d’explorer la rivière Saguenay à des fins militaires et de colonisation :

«Chicoutimi étant situé à la tête de la navigation du Saguenay, cet endroit est destiné à devenir une ville d’un commerce considérable si l’intérieur du pays s’établit.» 

La Ville de Chicoutimi avait bien raison de porter ce titre de reine du Nord. Ce site et cette ville sont au cœur de notre mémoire collective. Alors pourquoi a-t-on laissé ce toponyme de côté quand il s’est agi de choisir un nom pour cette ville issue des fusions en 2002? L’esprit de clocher et l’ignorance de notre histoire.

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